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  • METRO 2033

    Roman russe post apocalyptique. Je  me suis laissé séduire en écoutant pendant près d'une heure son auteur évoquer sa jeunesse soviétique, il est né en 1979, puis son désir d'écriture et enfin son épanouissement après la chute de l'URSS, ceci dans l'excellente émission scientifique de France culture, La méthode scientifique, tous les jours du lundi au vendrdi à 16 heures.

    L'action se déroule donc en 2033 dans le métro de Moscou après une guerre atomique qui a rendu la terre inhabitable, quelques survivants ont réussi à se réfugier dans le métro où il continuent de vivre, vaille que vaille, cloitrés, en mangeant des champignons et des cochons. C'est une humanité en modèle réduit, chaque station assez isolée des autres cultive  sa spécificité, néo nazis, religieux sectaires, philosophes, gangsters, ... il y a beacoup de rats, peu de lumière, c'est désespérant...

    Le héros Artyom se voit confier une mission, celle de protéger sa station de l'invasion des noirs (des sombres) dans l'adaptation vidéos, des êtres que personne n'a vus, qui vivent à la surface et menacent l'humanité, il va pour se faire parcourir toutes les stations du métro, porteur d'un message.

    Impossible d'en dire plus, la révélation se trouve à la fin du livre, au bout de 850 pages qui paraissent tout de même un peu longues. L'ouvrage a été un vrai succès en Russie 300000 exemplaires et a donné lieu à des adaptations vidéos et deux autres ouvrages 2034 et 2035 tout aussi désespérants  a priori. Très peu de femmes dans cet ouvrage pour sauver le monde mais au moins on a une idée de ce qui nous attend en cas d'apocalypse : la même chose qu'aujourd'hui mais en pire, sans les petits oiseaux quoique ils disparaissant déjà.

  • Bérénice

    Dans une mise en scène de Célie Pauthe du CDN de Besançon. Une mise en scène épurée qui laisse une place de choix aux texte de Jean Racine et dont les actes sont entrecoupés d'extraits de Césarée un petit film de Marguerite Duras qui retrace le retour de Bérénice sur ses terres de Judée après sa répudiation par Titus. Ces images tournées pour l'essentiel dans les jardins des tuileries n'apportent à vrai dire pas grand chose.

    On a donc pour l'essentiel un trio, Titus un empereur qui va sacrifier son amour pour assurer sa gloire parce que Rome ne peut admettre que l'empereur épouse une reine étrangère, au sang impur, Bérénice, reine de Judée dont le peuple est asservi par Titus qui vient de détruire le temple de Jérusalem, amoureuse, ambitieuse, qui se voit impératrice de Rome et n'admet pas sa répudiation et le triste Antiochus, roi de Comagène (centre sud de l'actuelle turque), secrètement amoureux de Bérénice et que Titus, un peu lâche, ignorant de ses sentiments charge d'annoncer à Bérénice sa répudiation.

    Mélodie Richard qui joue Bérénice est quasi parfaite, élancée, belle, vive, elle passe du rire aux larmes, de la détermination à la panique avec aisance. Titus en revanche est peut être un peu faible, déchirée entre son ambition d'empereur, son devoir et ses sentiments, il parait toujours indécis, a du mal à faire croire à sa détermination, Antiochus est plutôt convaincant, honnête avec lui même jusqu'au bout.

    La diction des acteurs est à la hauteur de l'enjeu, j'étais au cinquième rang, pas certain qu'au fond de la salle le sentiment soit le même. Le décor, très simple, un salon contemporain avec du sable au sol censé rappeler la poussière de marbre du texte de Duras...

    De toute manière, l'essentiel , c'est le texte de Racine qu'on prend plaisir à redécouvrir. On souhaite aux lycéennes  présentes pour cause de Bac français d'avoir entre deux coups d'oeil à leurs portables au fond de leur sac à main apprécié tout de même cette belle pièce du répertoire.

  • Manon

    Elle est Manon à l'opéra de Bordeaux. Amina Edris, née en Egypte, formée en Nouvelle Zélande  et à l'opéra de San Francisco. C'est elle qui interprétait le rôle de Manon Lescaut hier soir, au pied levé, doublure de luxe de Nadine Sierra empêchée. Elle a été formidable dans ce rôle de fille perdue mais forte imaginée au début du XVIII siècle par l'abbé Prevost. Une fille destinée à la prostitution qui tombe amoureuse d'un jeune noble, Des Grieux, originaire d'Amiens, qui veut la sortir de cette misère, l'épouser, mais elle le trahit pour une richesse encore plus grande sans parvenir jamais à l'oublier vraiment...les épisodes se succèdent, moins détaillés que dans le roman original. Un roman qui fit scandale, fut condamné à être brulé, puis finalement publié en 1753 et transposé en opéra par Jules Massenet en 1856.

    Hier soir c'était une mise en scène d'Olivier Py et l'orchestre national de Bordeaux aquitaine sous la direction de Marc Minkowsky. Du bel ouvrage.

    L'action est transposée dans un décor contemporain d'hôtels de passe avec des néons aguicheurs, des filles de joie, des tables de jeux... un peu trop de déshabillés peut-être et d'attitudes langoureuses. Suggérer c'est bien insister pas nécessaire.

    On ne comprend pas trop bien la mort de Manon à la fin mais on est tout de même sous le charme d'une musique et d'une interprétation parfaite au service de l'amour tant de Amina Edris que de Benjamin Bernheim dans le rôle de Des Grieux.

    On rappelle ici à Bordeaux tout particulièrement la critique de Montesquieu : je ne suis pas étonné que ce roman dont le héros est un fripon et l'héroïne une catin qui est menée à la Salpétrière, plaise, parce que toutes les actions du héros ont pour motif l'amour, qui est toujours un sentiment noble, quoique la conduite soit basse...

  • Le silence des autres

    Le silence des autres produit par Almodovar est un documentaire mêlant reportages et images d'archives, un documentaire poignant sur la quête de la justice des victimes du régimes franquiste. Lors de la transition démocratique, on voit Franco adouber le futur roi Juan Carlos, une loi d'amnistie a été votée qui interdit la mise en cause des responsabilités de la guerre civile et du franquisme. Ceux qui ont été torturés, ceux dont les parents ont été lâchement éliminés, jetés dans des fosses communes, qui reposent sous des autoroutes, sous des pierres tombales collectives, dans l'anonymat, ne peuvent pas mettre en cause l'ancien tortionnaire qui habite encore au coin de la rue, une rue qui porte encore le nom d'un des fidèles de Franco.

    Heureusement un petit groupe de victimes déterminées va utiliser la clause dite de compétence universelle pour les crimes contre l'humanité pour porter l'affaire devant la justice argentine. Quel paradoxe quand on sait le passé dictatorial de ce pays avec la Général Videla. Mais une juge va y porter attention et essayer de faire avancer l'affaire. Elle va rencontrer les pires difficultés, se voir refuser le droit d'auditionner les témoins... mais l'affaire avance, d'anciens responsable sont convoqués, des exhumations ont lieu, les enfants peuvent enfin inhumer leurs parents dignement, d'autres trop âgés n'ont pas ce bonheur mais les petits enfants s'y mettent. on apprend que les enfants espagnols n'apprennent pas à l'école le passé récent de l'Espagne... mais tout cela se débloque petit à petit, l'espoir est là, ce combat continue encore aujourd'hui, c'est vivifiant.