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  • Tram 83

    tram-83-HD-300x460.jpgIl y a avait le Tram 33 de Brel : on prendra le tram 33 pour aller manger des frites chez Eugène, il y  maintenant Tram 83 de Fiston Mwanza Mujila. Dans les années soixante, le tram 33 reliait Boitsfort au square Henri Rey à Anderlecht, aujourd'hui le tram 83 n'est opérationnel que la nuit et cette ligne a été inaugurée un 30 juin, la date anniversaire de l'indépendance du Congo.

    Le Congo, la nuit, le Tram 83 est un bar situé dans une ville minière qui ressemble à la capitale du Katanga. C'est toute une société qui s'y retrouve une société étonnante : des étudiants en grève, des creuseurs en mal de sexe, les canetons aguicheurs, les touristes à but lucratif, les touristes de seconde zone, la serveuse à grosses lèvres, les serveuses et les aides serveuses, la diva,  Emilienne, Christelle, Requiem, Lucien, Malingeau, le général dissident, les chinois... 

    Tout un monde qui traine ses misères, ses désirs, ses peurs... Une société déglinguée comme le style de ce livre, marqué par les répétitions, la crudité du vocabulaire. Il y a du Céline dans ce tableau d'une société en désespérance qui s'agite sans fin sur des airs de jazz et de Rumba.

    Il y a l'opposition entre Requiem, un type sans morale, prêt à tous les compromis pour survivre et Lucien, l'intellectuel en panne d'inspiration qui s'entête cependant à écrire et reste sur son quant à soi dans cet univers sans foi ni loi, il a bien du mérite. 

    A lire pour se faire une idée d'un certain Congo et découvrir un écrivain congolais sans aucun doute prometteur.

    Instagram : jpdpkr 

  • Dernières nouvelles du martin pêcheur

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    Un très beau livre. Bernard Chambaz qui a perdu son fils Martin lorsqu'il avait seize ans à la suite d'un accident nous conte dans cet ouvrage la traversée des Etats-Unis qu'il effectue un été en vélo avec sa femme Anne qui l'accompagne dans une Cadillac aux fauteuils rouges.

    Ce voyage est d'abord un exploit physique, l'auteur effectue le trajet de Cape Cod sur la côte Est à Los Angeles en 35 jours, 35 comme l'âge qu'aurait Martin à la date de ce voyage. 160 km par jour en moyenne, avec de très grosses chaleurs et sur des itinéraires pas très adaptés au vélo. Mais ce voyage, la famille Chambaz l'a effectué dans le passé et il était un des meilleurs souvenirs de Martin.

    Il y a en alternance les chapitres qui décrivent le voyage proprement dit, l'effort, les pauses, les erreurs d'itinéraires, les motels, les pizzas sur le bord de la route, les crevaisons, les shérifs... Une Amérique ordinaire, rurale, grandiose par ses paysages.

    Il y a les chapitres de mémoire, Martin n'est jamais bien loin, il est même là de temps à autre comme un mirage et Bernard Chambaz nous fait pénétrer ce qu'est le deuil, en nous narrant des hsitoires que l'on connait plus ou moins, des histoires américaines au fil des villes ou villages traversés comme le drame de la famille Lindbergh dont le bébé fut kidnappé et assassiné, le destin tragique des enfants de Théodore Roosevelt passionnés d'aviation et soldats, la figure de Jack Kerouac, celles de Martin Luther King  de Lincoln...

    Un livre très attachant, bien écrit, qui n'est jamais triste, empreint d'une grande sérénité et qui donne une furieuse envie d'aller s'acheter un vélo avec un cadre Cyfac en carbone,  un pédalier en alu, des roues Zipp et une selle Fi'Zi:k.

  • Ulysse - Les chants du retour

    phpThumb_generated_thumbnailpng.pngAvec ce bel album de bandes dessinées, Jean Harambat réussit un exploit, mettre à nouveau en scène l'Odyssée et son héros Ulysse. Ulysse, tout le monde ou presque connait l'histoire, pourquoi s'y replonger à nouveau?

    Harambat est un dessinateur un peu particulier, né en Chalosse, il a beaucoup pratiqué le rugby qu'il a raconté dans "En même temps que la jeunesse", mais il est aussi ancien élève de l'ESSEC et diplômé d'un troisième cycle de philosophie. Il a beaucoup voyagé, tout en jouant au rugby, et c'est au cours d'un séjour à Ithaque que notre landais a eu l'idée de cet album. La bibliographie qu'il livre à la fin des chants du retour est impressionnante.

    Harambat a choisi de se concentrer sur le retour d'Ulysse à Ithaque, vingt ans après l'avoir quitté pour aller guerroyer à Troie, alors que sa maison est occupée par les prétendants, des princes repus et corrompus, qui pressent Pénélope de se choisir un nouveau mari et cherchent à écarter Télémaque de la succession.

    Sont ainsi successivement décrites les rencontres avec le porcher Eumée, le chien Argos, la nourrice Euryclée, le combat avec Tiros, le concours de tir à l'arc avec les prétendants, le massacre des prétendants, les retrouvailles avec Pénélope...

    Quelques retours en arrière permettent d'évoquer quelques épisodes d'Odyssée , la figure d'Achille, la descente aux enfers, le combat avec Cyclope, la rencontre avec Nausicaa...

    Mais Jean Harambat ne se contente pas de nous raconter à nouveau le retour d'Ulysse, ceci en suivant de près la traduction du texte d'Homère de Victor Bérard, il introduit aussi et de façon très plaisante les explications de personnages contemporains, des spécialistes de la Grèce antique comme Jean-Pierre Vernant, François Hartog ou Jacqueline de Romilly, des amoureux de la littérature comme Jean-Paul Kauffmann, un landais, T.E Lawrence, Schliemann, l'archéologue qui crut localiser Ithaque, L'accent est mis sur la fait que le retour d'Ulysse correspond en premier lieu à la recherche de soi, Ce que cherche Ulysse après ses 20 ans d'errance c'est retrouver son identité, se faire reconnaitre, reprendre sa place, ses fidèles, ses plus proches sont des pauvres, des gens simples.

    Le dessin est simple, dans des tons qui rappellent souvent les vases grecs. Une très belle réussite qui se clôt par le beau poème de Constantin Cavafy de 1911 : Quand tu prendras le chemin vers Ithaque, souhaite que dure le voyage...

  • Le tabac Tresniek

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    Un beau petit livre qui nous plonge dans l'ambiance de Vienne entre mars 1937 et juin 1938.

    Franz Huchel , un jeune adolescent, poussé par la nécessité, quitte la région de l'Attersee dans la Haute Autriche une région de montagne très éloignée de ce qui se passe à Vienne. Dans la capitale, il va rejoindre Otto Tresniek, une vieille connaissance de sa mère, unijambiste, car ancien combattant blessé lors de la première guerre mondiale, qui tient un tabac journaux dans la rue Währinger.

    Le jeune Franz  lit les journaux toute la journée, ouvre la porte aux clients et parmi les clients, il y rencontre le professeur Freud (1856-1939). Une étonnante complicité se tisse entre le jeune Franz et le vieux professeur, amateur des havanes que ne manque pas de lui offrir l'apprenti buraliste.

    Freud le conseille en particulier en amour : trouve toi une fille et Franz va rencontrer le grand amour en Anezka une fille de Bohème que la pauvreté oblige à vendre ses charmes.

    Et en mars 1938, l'Anschluss vient anéantir tout ce petit monde, Otto Tresniek est arrêté, accusé de commercer avec des juifs sur dénonciation de son voisin, Anezka se lie avec un officier de la Gestapo, Freud doit se réfugier avec sa famille à Londres et notre petit Franz, qui écrit des cartes postales rassurantes et pleines de poésie à sa maman reste fidèle en amitié. au péril de sa vie.

    Un très beau roman de Robert Seethaler qui se lit d'un seul trait et qui nous rappelle la chance que nous avons de vivre aujourd'hui dans une Europe somme toute paisible comparée à celle des années trente. Pour combien de temps?

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  • Profanes

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    Octave, un vieux monsieur de 90 ans, ancien chirurgien, se retrouve bien seul. Ila perdu sa fille Claire, il y a plusieurs années, lorsqu'elle n'avait que 17 ans. Il se reproche encore aujourd'hui de n'avoir pas eu le courage de l'opérer à la suite de son accident pour essayer de la sauver. Sa femme, en colère, est partie définitivement au Canada pour enterrer sa fille. Il se retrouve seul dans sa grande maison.

    Mais il veut vivre, jusqu'au bout, pas seulement lire l'Ecclésiaste les nuits sans sommeil.

    arton1586.jpgAlors, il recrute, il embauche, quatre personnes, un homme et trois femmes, pour faire le jardin le matin, dessiner le portrait de sa fille Claire à la manière des portraits du Fayoum, faire le dîner, et dormir dans la maison, la nuit. Il ne sera jamais seul, pourra avoir des conversations, vivre, après tout on ne vit que dans le regard des autres, avec les autres, seul, on meurt.

    Ce beau plan va dépasser ses espérances car bien sûr, Marc, Hélène, Yolande et Béatrice, ses nouveaux compagnons arrivent avec leurs histoires, souvent douloureuses, se rencontrent, tissent des liens.

    Ce roman est bien construit, un peu trop parfois ,mais reste agréable à lire même s'il l'histoire est assez improbable. et il témoigne d'une confiance en l'homme, malgré tous les doutes qui peuvent l'assaillir.

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