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Théatre - Page 8

  • Coriolan

    Coriolan de William Shakespeare est joué au théatre des Amandiers à Nanterre. Le spectateur doit être motivé : RER pertubé et à Nanterre préfecture, trouver la navette qui conduit au théatre reste malgré les années qui passent une aventure, surtout dans le froid glacial de la semaine dernière...

    A la sortie vers minuit, on est ravi! la navette est là et le spectacle a été à la hauteur des attentes.

    Avec Shakespeare, comme d'habiture, on est plongé dans les grands questions politiques, questions qui traversent le temps. L'action se situe dans la Rome républicaine d'il y a 2500 ans et est jouée en costume élisabethains de l'Angleterre du XVII éme siècle, on aurait pu prendre les costumes contemporains les problèmes sont les mêmes.

    Opposition riches pauvres, patriciens plébéiens, démocratie, démagogie, oligarchie militaire, monarchie, tyrannie, machiavélisme, chaque classe travaillée par ses contradictions, tout y passe. Ascension, décadence, unité nationale, tous aux frontières, patriotisme national et famililal...chacun trouvera matière à reflexion dans ces presque 4 heures de théatre d'une pièce peu souvent jouée.

    Quelques regrets dans le mise en scène de Christian Schiaretti : beaucoup trop d'acteurs courent tout le temps notamment pour simuler les batailles à grandes envolées de drapeux rouges, la marre d'eau qui occupe le milieu de la scène est inutile, c'est peut être elle qui a conduit Wladimir Yordanoff-Coriolan à se blesser le 2 décembre, ce qui l'oblige à jouer avec des béquilles, le chef des Volsques est le plus souvent incompréhensible et la mère de Coriolan  (Hélène Vincent) est plus hystérique que machiavélique, mais elle est possessive ce qui est essentiel pour les tenants de la psychanalyse.

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    Coriolan vaincu par sa femme et sa mère de Nicolas Poussin

    En revanche Roland Bertin est impérial dans le rôle de Ménénius, sénateur prêt à tous les compromis et revirements, il illustre bien les affres de la démocratie face aux périls intérieurs et extérieurs qui la menace constamment. La mise en scène de façon générale ne prend pas parti entre le surhomme qu'est Coriolan, avec toute l'arrogance et le mépris dans lequel il tient le peuple, et la démocratie, représentée par les tribuns rapidement assoupis dans les ors du pouvoir qui donnent aux romains la paix et le confort mais la laissent à la merci des barbares...

    A ne pas manquer!

  • L'homme d'hier

    Dans la Salle du haut du théatre de la Bastille, un seul acteur, qui va rester assis derrière un petit bureau pendant un peu plus d'une heure devant un grand écran où vont défiler des images de Beyrouth, des plans, des photos...

    homme d'hier.jpgPari réussi de Tiago Rodrigues, acteur et dramaturge portugais qui à l'occasion d'un voyage à Beyrouth a rencontré Rabih Mroué, acteur libanais que l'on peut voir sur les écrans aux côtés de Catherine Deneuve dans "je veux voir" et Tony Chacar, architecte, libanais lui aussi.

    Tiago Rodrigues nous raconte une fable, celle  de son voyage à Beyrouth où il va chercher à l'aide d'un lhommedhierGd.jpgvieux plan son chemin. Il ne va pas le trouver mais va rencontrer d'autres Tiago, ses doubles d'une autre époque, d'un autre Beyrouth. Dédoublements multiples des identités, sédimentations successives de la ville sur elle-même, sédimentations de nos identités elles-mêmes...

    Dans chaque ville, il y a une autre ville, dans chaque individu un autre individu ; au fil du temps le narrateur confronté à toutes ses identités, à tous ces visages de la ville, ne sait plus trop qui il est. Alors, il cherche la mer, sans la trouver.

    La mer, une promesse de départ! le départ, une solution pour se retrouver soi-même, ce que font de nombreux libanais!

  • Incendies de Wajdi Mouawad

    Incendie est une pièce de théatre de Wajdi Mouawad, né en 1968 au Liban, installé au Québec. après quelques années passées à Paris. La pièce a été créé en 2003, elle est mise en scène par Stanislas Nordey au Théatre de la Colline à Paris jusqu'au 2 novembre.

    Il faut s'y précipiter! A défaut lire la pièce publiée par Actes sud papiers : www.actes-sud.fr/ficheisbn.php?isbn=9782742743735acte incendies.jpg

    C'est une pièce globale, on passe du Québec au Liban, du sud aux camps de réfugiés, à la prison de Kfar Rayat, on parcourt 50 ans de l'histoire de Nawal Mouawad (la pièce est dédiée à Nayla Mouawad) dont le destin est lié son enfermement familial, à la guerre civile, à ses tentatives de libération, destin tragique, comme celui de toutes ses femmes du Liban, de Somalie, du Rwanda, du Kivu en RDC. happées par les guerres...L'histoire de ses enfants Jeanne et Simon, à la recherche d'un père et d'un frère inconnus et qui découvriront l'indicible.

    mouawad.jpgLe Liban est une tragédie grecque, une tragédie qui traverse les siècles, une tragédie qui se renouvelle ici est là parce que les hommes n'aprennent pas des erreurs de leurs ancêtres ou pas assez, ou ils oublient de façon récurrente...

    La pièce est magnifiquement jouée avec des acteurs tous formidables, les personnages contemporains en blanc, les personnages du passé en noir,  sur un plateau nu avec une mention particulière pour les 3 actrices qui jouent Nawal à 20 ans à 40 ans et à 60 ans et pour le Notaire.

    Et puis on y apprend que un et un ne font pas toujours deux, je vous laisse découvrir, voir ou lire...