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  • Ohio

    Fresque terrifiante des Etats-Unis du début de ce siècle. Cela se passe dans l'Ohio, on l'aura deviné et les portraits entrecroisés de quatre trentenaire qui ont été au lycée ensemble dans la petite ville de New Cannaan sont terrifiant en ce qu'ils décrivent les ravages causés par la désindustrialisation qu'a connue la Rust Belt, la ceinture rouillée, les guerres en Irak et en Afghanistan, et puis la drogue, l'alcool, la sexualité débridée, les viols.

    Il y a Bill Ashcraft, un ancien activiste humanitaire qui est devenu toxicomane et qui ne sait plus où il est mais qui doit trouver le fric nécessaire à ses addictions, Stacey Moore, lesbienne assumée, qui a perdu sa petite amie disparue on ne sait où et qui règle ses comptes avec son frère évangéliste, Dan Eaton, vétéran d'Irak qui vit avec ses fantômes, ses camarades disparus et qui peine à retrouver son amour de jeunesse avec son oeil en verre et Tina Ross, bien déterminée à se venger du viol collectif dont elle a été victime lorsqu'elle était au lycée. 

    C'est violent, cru, à vous faire désespérer de l'Amérique, c'est peut être aussi notre avenir.

  • Michel Yourievitch Lermontov

    Il est beau dans son uniforme et il n'a pas eu le temps de vieillir! 1814 - 1841!

    Pourquoi lire Lermontov? Pour se convaincre que la Russie ne change pas au moment où Navalny est incarcéré après avoir fait l'objet d'une tentative d'empoisonnement.

    Fils d'un petit gentilhomme de lointaine origine écossaise, Lermontov perd sa mère à trois ans, son père à dix sept, il est élevé par sa grand-mère à Moscou puis à Petersbourg. Il est fasciné par les poètes russes et particulièrement par Pouchkine mais un peu par hasard il choisit la carrière militaire et entre à l'école des officiers des hussards de la Garde. Il mène alors une vie de salon à Petersbourg qui lui inspirera La princesse Ligovskoi, et lui permettra d'amorcer sa critique  de la vie sociale russe. Mais ce roman est inachevé car à la mort de Pouchkine, Lermontov publie un poème, qu'il adresse à :

    Vous bourreaux du Génie et de de la Liberté

    un poème vengeur qui s'achève par ses mots :

    De tout votre sang vil vous ne le laverez pas

    Le sang de juste du poète.

    Il est exilé en conséquence à plusieurs reprises dans le Caucase puis exclu définitivement de la Garde et exposé aux combats. Il y compose son oeuvre la plus achevée Un héros de notre temps, avec ses trois récits Belle, Un fataliste et Taman. Son héros Pietchorine, qui était un cynique égoïste dans La princesse Ligovskoi devient ici le représentant d'une génération qui aurait voulu être héroïque mais qui condamnée à l'inaction à la suite de répression contre les décembristes se replie sur elle-même et cultive un fatalisme sans espoir.

    Lermontov dont plusieurs ouvrages comme Le démon seront censurés et interdit à la publication va mourir lors d'un duel que d'aucuns considèrent comme un assassinat déguisé.

    La proscription de cet écrivain annonce la suite, le goulag soviétique, la circulation clandestine des œuvres de l'esprit, les samizdat...

    La Russie a un côté éternel décevant.

  • Le dernier des mohicans

    La première édition de ce roman est parue en 1826, il y a presque deux siècles. Et on le lit encore aujourd'hui avec plaisir! l'un des héros est "Bas de cuir" un personnage qualifié par Balzac d'hermaphrodite moral né de l'état sauvage et de la civilisation; demi-civilisé et demi indien, très attachant. Bas de cuir se retrouve dans quatre autres romans de James Fenimore Cooper moins connus comme La Prairie et Les Pionniers.

     

    L'action se situe en 1757 lorsque la guerre franco-anglaise fait rage pour la conquête du nouveau monde. Le Maréchal français Montcalm remonte le lac Champlain avec ses soldats pour prendre le fort  William Henry tenu par le colonel Munro. Les deux filles de ce dernier, Alice et Cora accompagnées par le major anglais Duncan Heyward, font route pour le rejoindre. Elles rencontrent en chemin un chasseur blanc, Nathaniel Bumppo, le fameux "Bas de cuir", alias pour les indiens Oeil de faucon connu aussi sour le nom de l'éclaireur, de guide, de chercheur de sentiers, de tueur de cerfs, de longue carabine ainsi que deux indiens Changachgook et son fils Incas, le dernier des mohicans.

    S'ensuit un long roman d'aventures, plein d'embûches, dont chaque court chapitre se termine par un rebondissement qui incite immédiatement à lire le suivant. On y découvre, la civilisation des indiens assez bien documentée, réaliste, la lutte entre le bien et le mal, entre la civilisation et la barbarie, mais qui pose, une fois la lecture terminée la question de savoir qui sont sont les barbares et qui sont les civilisés, le monde n'set pas blanc ou noir, la ligne de partage passe au milieu des populations.

  • Platon a rendez-vous avec Darwin

    Dans cet essai brillant, Vincent le Biez, ingénieur des mines de 35 ans, fonctionnaire à Bercy esquisse des analogies entre les sciences philosophiques et politiques et les sciences naturelles et sociales, physique classique, physique quantique, biologie, génétique, théorie des jeux...Il convoque les plus grands philosophes et scientifiques : Platon, Darwin, Xavier Bichat et Thomas Hobbes, Richard Dawkins et Jean-Jacques Rousseau, Rudolf Clausius et Henri Bergson, Sadi Carnot et Hannah Arendt, Geoffrey West et Ivan Illich, Ludwig von Bertalanffy et Friedrich Hayek, Ernst Ising et Alexis de Tocqueville et enfin Ilya Prigogine et charles Percy Snow.

    C'est tout simplement fascinant, bien entendu cela n'apporte pas de solutions immédiates à nos problèmes contemporains mais tout de même des pistes sérieuses et des repères pour éviter les écueils périlleux qui nous guettent.

  • L'ami arménien

    Dans ce roman , Andreï Makine exhume un vieux souvenir d'enfance. Son amitié à quinze ans avec Vardan, un ado du même âge arménien, venue vivre dans un village de Sibérie à proximité de la prison où sont incarcérés des arméniens de leur famille condamnés pour subversion antisoviétique.

    Vardan est un enfant malingre mais très intelligent et donc victime de harcèlement de la part de ses camarades de collège qui le prennent comme bouc émissaire. Andreï va le protéger et faire ainsi connaissance de cette petite communauté qui habite des masures au bout du monde. Il y  là, Sarven, un vieux sage, un close qui protège la communauté,  la mère Chamiram, qui devine tout, soigne, calme, Gulpizar la jeune femme dont le mari est enfermé en prison auquel elle rend visite chaque jour, en attente de condamnation, Ronine un professeur russe de mathématique, seul, manchot, il a combattu pour le socialisme...

    Makine met un peu de tout dans ce roman, le génocide arménien, la guerre entre arméniens et azeris, la recherche d'identité, des origines, peut être un peu trop, mais c'est bien écrit, très bien écrit même et on se laisse prendre et on rêve d'aller nous aussi contempler un jour le mont Ararat.