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  • A splendid Exchange

    Oui, je sais, le commerce, la globalisation sont plutôt mal vus aujourd'hui. l'heure est à l'économie circulaire, au local, y compris pour les monnaies...

    Mais ce que montre cet ouvrage de William Bernstein, c'est que le commerce est inhérent à l'espèce humaine, de tout temps homo sapiens a cherché à se procurer ce qu'il n'avait pas, soit par le commerce soit en procédant à des razzias, et la différence entre les deux est parfois ténue.

    Bernstein embrasse toute l'histoire mondiale au travers du prisme du commerce. Il montre comment les mésopotamiens, riches en céréales, grâce au Tigre  et à  l'Euphrate, au delà de leurs besoins manquaient de pierres et de bois pour fabriquer des outils et des armes pour se défendre, et ont été conduit à échanger des céréales contre des pierres, du bois puis du cuivre...

    Dans l'antiquité, la Méditerranée a été le théâtre de vastes échanges de blé égyptien, de cuivre ibérique, de vin grec, mais au delà , on retrouve des pièces de monnaie romaine en Inde, Rome importait déjà du poivre et de la soir chinoise.

    Les arabes vont dominer le commerce dans l'océan indien et la route des épices jusqu'au grandes découvertes des portugais avec Vasco de Gama, un individu au demeurant peu recommandable. Mais Venise à cette époque assurait déjà sa prospérité avec le commerce d'esclaves importés de Crimée et du Caucase au bénéfice des arabes dont les ressources démographiques étaient trop faible au regard de leurs ambitions.

    Le commerce ne charrie pas que des bénéfices, il transmet aussi les maladies, en particulier, la peste noire qui dévasta le continent européen ou les maladies méconnues des populations amérindiennes avant la conquête espagnole.

    Bernstein insite sur l'importance du progrès technique, dans la maitrise des bateaux, la navigation ayant été de tout temps le principal vecteur des échanges et elle le reste aujourd'hui très loin devant le rail, l'avion ou la route. 

    Et qui dit, navigation, dit importance des détroits, ce sont les mêmes passages stratégiques qui prévalent depuis l'antiquité : Suez, Hormuz, Malacca, le Bosphore, les Dardanelles...

    Bernstein passe en revue l'émergence de Venise, Gênes, de l'Espagne, du Portugal, des Pays-Bas, qui inventent la société par actions, puis Londres, les Etats-Unis, le commerce des épices, de l'or, de la soie, du coton, du pétrole aujourd'hui.

    Bernstein met en évidence les allers et retours successifs entre ouverture et protectionnisme pour conclure que le protectionnisme n'a sans doute pas été un obstacle décisif à la croissance et au développement parce que d'autres facteurs plus puissants l'ont emporté mais il a tout de même et est un frein, il suffit de regarder le lien entre ouverture au commerce international et niveau de développement. 

    Et que l'on aime ou pas le commerce, force est de constater qu'aujourd'hui le commerce mondial représente 16000 milliards USD et que sa part du PIB mondial croit et se situe aujourd'hui à plus de 20 %.

    Alors c'est vrai, le commerce mondial et l'ouverture croissante des économies, si ils font des gagnants font aussi des perdants, il y a consensus pour dire que dans les pays développés ce sont les personnes peu qualifiées qui y perdent, d'où la nécessité d'oeuvrer en termes de formation et d'organiser les transferts de ressources nécessaires pour indemniser les perdants, sauf à mettre en péril la paix sociale, la stabilité de nos sociétés et in fine les gains des gagnants.

    Bref un ouvrage passionnant, facile à lire, plein d'anecdotes, de notations utiles, une abondante bibliographie et un index.

  • La collection d'oeuvres d'art de Marin Karmitz à La Maison Rouge

    La Maison Rouge est une espace d'exposition d'art contemporain sis dans une ancienne usine au 10 Bd de la Bastille à Paris.

    Cet espace géré par une fondation privée fondée par Antoine de Galbert fermera ses portes en septembre 2018 pour réorienter ses activités sous d'autres formes.

    Il est donc temps d'y aller, et si possible avant le 21 janvier, dernier jour de l'exposition en cours intitulée Etranger Résident, une exposition mise en scène par Marin Karmitz, l"homme de cinéma, créateur du réseau MK2, qui y présente sa collection personnelle d'oeuvres d'art, essentiellement des photos noir et blanc mais aussi des sculptures précolombiennes, des installations, des vidéos...

    L'exposition reflète les choix de Marin Karmitz collectionneur, on y trouve donc surtout des oeuvres du XX siècle, relatives à l'Europe, à la Pologne, à la Shoah, à la situation des juifs, à New-York.

    L'ensemble est sombre et grave, comme le siècle dont les oeuvres sont issues.

    Et paradoxalement, c'est réjouissant.

  • Bordeaux, business et grande vitesse

    Cet ouvrage est paru l'an dernier aux éditions Mollat. A l'occasion de la mise en service en juillet de la nouvelle voie à grande vitesse qui met Bordeaux à deux heures de Paris.

    André Delpont qui a été un aménageur à Lille pour Euralille puis à Bordeaux pour Euratlantique est un spécialiste du développement économique et des grandes opérations urbaines.

    L'ouvrage, sans prétention littéraire, n'entend pas présenter une thèse mais simplement recenser les acteurs qui font que Bordeaux est passé du statut de la belle endormie à celui de ville start-up, la meilleure destination touristique mondiale, celle ou la majorité des cadres français veulent vivre.

    De Bordeaux on connait le vin depuis longtemps, les girondins, depuis dix ans le miroir d'eau et depuis peu la cité du vin. Saint Emilion, le bassin, la dune du pilat. Nos auteurs vont plus loin, ils détaillent les arcanes de l'économie spatiale et aéronautique, de Bordeaux tech, du monde des start-ups, de tous ceux qui les accompagnent, ils racontent la candidature de Bordeaux pour devenir en 2013 capitale européenne de la culture, les compromis passés entre les deux Alain, Juppé et Rousset, le premier ayant mis en place la bonbonnière et le second apporté les bonbons... lisez et vous comprendrez.

    L'inventaire des forces vives est exhaustif, il y a les portraits des hommes et des femmes qui ont tenté l'aventure et la poursuivent. Les défis restent immenses pour que la métropole deviennent effectivement millionnaire, apporte emplois et cadre de vie à ses habitants, rayonne sur son territoire et stimule ses dauphines que sont AgenAngoulême, La Rochelle, Périgueux, les tire aussi vers le haut

    Une présentation de l'ouvrage par ses deux auteurs en cliquant sur le lien suivant

    https://www.youtube.com/watch?v=MyzIewC2tPI

    Le livre est d'abord destiné aux Néo-Bordelais et leur permettra d'accélérer la compréhension de leur nouvel environnement mais les bordelais eux-mêmes y découvriront beaucoup de choses qu'ils ignorent...

  • Conquistadors

    Voilà, j'arrête avec Vuillard, au moins pour le moment.

    Conquistadors est un livre ambitieux, à la langue superbe, Vuillard a inconstestablement un grand talent pour écrire, court et vif comme dans L'ordre du hour, prix Goncourt, mais aussi long et épique comme ici avec ce portrait, ce récit de la conquête du Pérou par Francisco Pizarre, batard illettré qui à la tête de deux cent hommes va anéantir une civilisation, celle des incas.

    Peut-être même qu'il en abuse de ce talent, pour livrer un récit peut-être trop long de cette triste épopée que fut la vie de Pizarre.

    L'avidité est au centre de cette épopée, l'avidité de l'or, seule raison seul motif pour justifier ces longues chevauchées le long des côtes, dans les déserts, sous la pluie, dans la jungle, les moustiques, le froid, la faim. Pour justifier, tous ces massacres, ces viols, ces tortures, ces trahisons, ces manoeuvres et pour finir cette guerre civile entre espagnols.

    Derrière l'avidité, Vuillard entend dénoncer le capitalisme, les découvertes,le colonialisme,  le commerce, c'est une constance de ses ouvrages.

    Ces hommes ne sont pas aux ordres de l'Espagne, ni de l'église même s'ils s'en réclament pour justifier leurs actes, ils sont aux ordres de leurs instincts sauvages, malveillants. Paradoxalement peut-être, les indiens, les victimes, ne sont pas vraiment traités, comme s'ils n'avaient pas d'existence réelle, ils sont surpris par les chevaux, les armes des espagnols, les maladies qu'ils apportent, mais il paraissent sans détermination, sans résistance, des moutons qu'on massacre avec allégresse le plus souvent.

    Malheur aux vaincus, c'est le dernier chapitre, tous les protagonistes sont vaincus, Atahualpa, rapidement, ses successeurs fantoches désignés par Pizarre, Almagro, qui voulait sa part et ne l'obtiendra pas et Pizarre lui-même, après avoir une nouvelle fois médité sur l'Espagne de son enfance , son petit village, près de Tolède, qu'il aurait mieux fait de ne jamais quitter.

     

  • Box office

    Ce matin dans Sud-Ouest le box-office était le suivant : 

    1 - Star wars

    2 -Jumanji

    3 -Coco

    4 -Ferdinand

    5 -Santa

     

    Tous ces films étaient à l'affiche du cinéma de Lectoure où j'ai passé les deux dernières semaines mais je n'en ai vu aucun. J'ai pourtant rarement été aussi souvent au cinéma ces derniers temps, quatre films dont trois la dernière semaine :

    Voici mon box office :

    Un homme intègre : Ce film iranien est très très sombre. Aucun relâchement dans la tension croissante tout au long des deux heures. une famille, le père éleveur de poissons rouges, la mère, directrice d'un lycée de filles, un petit garçon... se heurte à la corruption de la police, de la justice, à la malveillance de ses voisins, de la compagnie des eaux, de la banque, les discriminations religieuses.... Comme le dit le beau-frère du personnage principal, dans ce pays soit tu opresse, soit tu es opressé.. Reza lui ne veut ni corrompre, ni être corrompu, il est broyé petit à petit, incompris de son épouse qui plaide pour faire comme tout le monde, la spirale est infernale...

    Les gardiennes : c'est pas mal, un beau portrait de femmes pendant la première guerre mondiale, des années d'attente du retour de leurs hommes, de permission en permission, qui reviennent ou ne reviennent pas, beau portrait d'un fille de l'assistance publique, d'un amour impossible, on a reproché au film sa lenteur, l'absence d'action mais c'était sans doute comme cela à la campagne, des jours qui s'enfilent sans fin, de l'attente, de l'espoir, du désespoir...les paysannes sont un peu trop propres sur elles, n'ont aucun accent, paraissent très bien éduquées mais bon. c'est tout de même plutôt bien...

    La promesse de l'aube : j'avais lu le livre de Romain Gary il y a de nombreuses années et je n'en avais que de vagues souvenirs, je me souviens beaucoup mieux de La vie devant soi. Il était sans doute difficile d'adapter La promesse. L'inconvénient de faire appel à des acteurs connus est aussi qu'on à tendance à s'attacher à la performance des acteurs pour interpréter des personnages improbables,ce qui rend la crédibilité des personnages incarnées moins évidente. Et la vie de Romain Garu jusqu'à la fin de la seconde quelle mondiale est une telle épopée qu'il est délicat de la retracer en deux heures tout en faisant ressortir les ressorts profonds de la personnalité du personnage et de celle de sa mère. Mais c'est bien, un beau récit d'émancipation.

    La villa : le film de Guediguian est incontestablement bien fait, il aborde de nombreux thèmes qui sont les nôtres, le vieillissement, la fidélité à des idéaux, le capitalisme, la spéculation immobilière, la gentrification, les rapports entre frères et soeurs, la situation des réfugiés... La difficulté est qu'on est jamais surpris, on s'attend à tout ce qui arrive.  Il y a des situations qui sont peu crédibles comme le coup de foudre, ou passade,  entre l'actrice et le jeune pêcheur ou bien entre cette étudiante et ce vieux professeur revenu de tout... Bon mais la calanque est belle surtout quand il pleut tous les jours comme en ce moment...