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  • Lettre à D.

    Les anciens comme moi se souviennent avoir lu Michel Bosquet Journaliste au Nouvel Observateur, pseudonyme d'André Gorz, un esprit toujours aiguisé, précurseur sur l'analyse de la société, du travail, sur la technique, sur l'écologie. Je n'ai jamais lu le philosophe André Gorz, disciple à ses débuts de Marx et de Sartre et qui introduira à la fin de sa vie des cohortes de lecteurs à la philosophie d'Ivan Illich.

    Sa lettre à sa femme Dorine ou Doreen est un petit texte publié un avant leur suicide conjoint en 2007, petit texte mais chef d'oeuvre, une grande lettre d'amour dans laquelle il s'interroge sur le fait que sa femme ait été aussi peu présente dans ses écrits malgré 58 ans de vie commune. Et pourtant Doreen l'a porté tout au long de sa vie tant il était peu sûr de lui, inquiet, pessimiste...

    Avec cette lettre il lui redit son amour comme axu premiers jours lorsqu'il décida sans en être certain qu'il valait le coup de vivre avec elle en s'engageant pour toujours puisqu'elle ne concevait pas qu'il puisse en être autrement! Elle avait raison.

  • La plus secrète mémoire des hommes

    C'est le prix Goncourt! Mais j'avais décidé de le lire dès que j'ai vu et écouté Mohamed Mbougar Sarr dans l'émission La Grande Librairie. Et ce soir là je l'ai trouvé éblouissant et son livre ne déçoit pas.

    L'histoire est assez simple : un jeune écrivain en devenir sénégalais, Diegane Faye, part à la recherche d'une de ces prédécesseur, Elimane,  qui en 1938 a publié en France un livre unique, introuvable aujourd'hui, Le Labyrinthe de l'Inhumain. La critique de l'époque est allée jusqu'à  le qualifier de Rimbaud africain. Mais si le livre est introuvable, son auteur l'est aussi, il a disparu sans laisser d'adresse, est-il mort, exilé, retourné dans l'anonymat en Afrique?

    Diégane part à sa recherche, une recherche qui va le mener à Paris bien entendu, mais aussi à Amsterdam, en Amérique latine.

    On voyage donc, de témoin en témoin qui racontent ce qu'ils savent, ce qu'ils ont appris, ils racontent aussi la shoah, le colonialisme, la culture sénégalaise, la magie, la difficulté d'écrire, l'amour, le désir, la drogue, le recours au plagiat. 

    Parfois on s'y perd un peu, l'écriture est très maitrisée, il faut parfois chercher les mots dans le dictionnaire.

    Tout écrivain est finalement en quête d'immortalité mais  à la fin "faut il écrire ou ne pas écrire?"

  • Joseph en Egypte

    Ce tableau de Guido Reni (1575 - 1642) pour illustrer les deux ouvrages de Thomas Mann qui font suite aux Histoires de Jacob :  Le jeune Joseph et Joseph en Egypte. Ou comment le jeune Joseph, jalousé pour sa beauté et son intelligence par ses frères est jeté par eux au fond d'un puit, recueilli par des caravaniers qui font du commerce avec l'Égypte, vendu à l'Eunuque du Pharaon, Potiphar. Dans cet environnement a priori hostile pour un étranger, Joseph parvient à gravir tous les échelons du pouvoir au point de devenir l'intendant de Potiphar et de susciter l'envie irrésistible de sa femme, folle de désir amoureux, désir auquel il parviendra à résister, ce qui ne l'empêchera pas d'être accusé de viol et d'être de nouveau jeté en prison.

    Thomas Mann est vraiment un romancier remarquable, il parvient à créer un univers fascinant décrire, tous les sentiments humains, l'amitié, l'amour, le respect, l'envie, la jalousie. De très belles pages en attendant l'épilogue que sera Joseph, le nourricier.

    Ecrit sur une période de 20 ans à partir de 1924, cette tétralogie est tout simplement magnifique, elle montre aussi comment un étranger, un juif en l'espèce, est capable de s'intégrer dans la société égyptienne, la plus développée de l'époque, tout comparaison avec l'Allemagne des années trente n'étant pas tout à fait fortuite.