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  • Souvenirs dormants

    Hier je prends le train à Bordeaux pour me rendre à Paris et retour et je m'aperçois que j'ai oublié ma tablette où je lis en ce moment The narrow corridor un ouvrage de deux américains sur la démocratie à travers les âges et les pays. Heureusement, il existe encore quelques bons livres dans les librairies des gares. J'ai donc lu dans la journée Souvenirs dormants.

    Modiano a créé un genre, les souvenirs éparpillés qu'il recolle en général dans le Paris d'après-guerre. On a le sentiment qu'il y a une intrigue mais on ne saisit pas vraiment ses ressorts et à la fin on a le sentiment de n'avoir rien compris. Ce n'est pas grave, la lecture était agréable car à mon âge c'est un peu comme lire Je me souviens de Perec, on retrouve des réminiscence de ses propres souvenirs. J'ai fait de fait un excellent voyage. Je recommande vivement.

  • Vivre dans le feu

    C'est grâce à Christian Bobin que j'ai découvert Marina Tsvetaeva. Il l'évoque en deux pages dans son petit livre "Un bruit de balançoire".

    Regardez bien ce visage. C'est celui d'une martyre.

    Marina Tsvetaeva est une poète russe née en 1892 et décédé en 1941. Sa vie est une descente aux enfers. Son père a été le créateur du Musée des beaux arts de Moscou, sa mère une grande musicienne. Elle se marie très jeune et aura trois enfants. La révolution de 1917 la touche de plein fouet. Son jeune mari Serguei s'engage dans l'armée blanche, elle reste éloignée de la politique, trop indépendante d'esprit, pour elle, seule sa vie intérieure, son âme, importe et la protection de son mari et de ses enfants. La faim les menace, elle tue : sa fille cadette meurt de faim dans un orphelinat, elle s'exile en Tchécoslovaquie puis à Paris, survit en faisant des traductions en vers rimés mais elle échoue à s'intégrer dans l'émigration russe et dans les cercles littéraires de Paris.

    Serguei peu à peu se rapproche des valeurs soviétiques au point dans les années trente d'intégrer les services secrets soviétiques pour espionner l'émigration. Marina n'en sait rien toute concentrée qu'elle est à écrire -, traduire, élever ses deux enfants, pourvoir aux besoins du ménage (corvée de charbon, ménage, cousin , couture...) pour lequel Sergueii, tuberculeux, apporte peu de ressources et d'aide.

    Elle est sujette à des engouements successifs, la plupart du temps platoniques, envers des hommes et des femmes sur lesquels elle fait une fixation amoureuse, le plus souvent sans retour et va donc de déception en déception.

    Et puis son mari est impliqué dans l'organisation de l'assassinat d'un transfuge vers l'ouest d'un soviétique et est exfiltré en Russie par le NKVD. Sa fille, Alia,  puis Marina et son fils Nour sont eux aussi exfiltrés en 1939 à Moscou et là Beria fait arrêter sa fille puis son mari dans le but d'organiser un de ces procès dont la Russie a le secret.

    Sa fille Alia finira par avouer sous la torture l'appartenance de la famille aux services secrets français, Serguei n'avouera jamais. Il sera fusillé en 1941 sans que Marina le sache et Alia envoyé au goulag d'ont elle ne reviendra qu'en 1955.

    Acculé à la misère, sans aucune perspective, sans personne à protéger, Marina se pend dans l'appartement en Aout 1941. Son fils Nour va mourir sur le front en juillet 1944. Alia qui restera fidèle aux valeurs soviétiques rassemblera son oeuvre et toute sa correspondance et décédera en 1975. 

    Tzvetan Todorov en a extrait ses confessions  en un livre poignant et passionnant de bout en bout.

  • Pierre,

    Attention Poésie! Pas toujours facile. Dans ce récit, Christian Bobin nour relate le voyage qu'il effectua l'an dernier depuis sa maison du Creusot jusqu'à Sète pour aller rencontrer Pierre Soulages. C'est le récit d'une démarche pas de ses entretiens avec Soulages, récit de la démarche, de l'approche, d'une visite non annoncée, non préméditée. Bobin voyage en train, avec ses morts, ses anges, c'est très intérieur, on se laisse prendre par cette force de caractère, cette aspiration au dénuement, cette critique acérée de notre modernité. C'est beau, admirable, apaisant et aussi exigeant.

  • Voeux 2020

    chers lecteurs fidèles ou occasionnels,

    je vous adresse mes meilleurs voeux pour 2020

    Que cette nouvelle année vous apporte la santé sans laquelle rien n'est vraiment possible, sauf héroïsme du quotidien, des rencontres amicales, des moments de joie intense, des plaisirs intellectuels, de belles pièces de théâtre, de beaux concerts, de bons films, de la bonne cuisine, de bons vins de temps en temps, de belles évasions réelles ou imaginaires.

    Le monde va mal mais en fait il n'a jamais été aussi bien, l'espérance de vie augmente, la pauvreté recule, la faim est en voie de disparition, quand j't&is petit la famine était symbolisée par un petit chinois avec son petit bol de riz, que les choses ont changé!

    Et on peut faire mieux, si on le veut!

    Le réchauffement climatique menace mais en changeant nos comportements, en coopérant les uns les autres, en s'appuyant sur les nouvelles technologies, il doit être possible de trouver des solutions, de s'adapter, sans s'effondrer, le pire n'est pas toujours sûr! Veillons à transmettre à nos enfants un monde de paix et de coopération tel que nous Européens l'avons vécu depuis 70 ans.