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  • Bordeaux et Haïti

    En ce dimanche 17 janvier, cinq jours après le tremblement de terre qui a dévasté Haïti, le buste du Général Toussaint Louverture (1746-1803), précurseur de l'indépendance d'Haïti proclamée en 1804 est fleuri. Beau geste, tant la richesse de Bordeaux est liée à l'histoire d'Haïti.

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    Alors qu'au XVIIème siècle l'essentiel du trafic du port de Bordeaux s'effectue avec le nord de l'Europe, Hanse, Scandinavie, Provinces-Unies et concerne essentiellement le vin, au XVIIIème siècle, c'est le commerce colonial qui va assurer l'essor considérable de la prospérité du port, de ses armateurs, ses commerçants, de la ville, va susciter un dynamisme démographique sans précédent et attirer les artistes de toute l'Europe. C'est de cette époque que datent les magnifiques façades des Quais de la Garonne qui valent aujourd'hui à Bordeaux d'être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

    Le commerce colonial s'effectue avec les Antilles et Saint Domingue¨(Haïti) est alors surnommée la Perle des Antilles. A la veille de la Révolution, le commerce colonial représente la moitié du trafic du Port de Bordeaux. Bordeaux reçoit alors 38 % des importations françaises de sucre, 42 % des tonnages de café, 45 % de l'indigo et 21 % du coton.

    Et ces denrées sont produites par les esclaves noirs que Bordeaux a contribué avec Nantes, en tout premier lieu et La Rochelle, à déporter d'Afrique aux Antilles. Bordeaux serait ainsi à l'origine de 500 expéditions concernant 130 000 captifs tout au long du XVIIIéme siècle, le siècle des lumières.

    Depuis plusieurs années, la ville de Bordeaux a pris acte de ce passé négrier et entrepris un travail de mémoire. Denis Tillinnac a rédigé un rapport remarquable en 2006, une plaque de mémoire sur les quais rappelle le rôle de Bordeaux dans la traite et en 2009 le Musée d'Aquitaine a ouvert plusieurs salles consacrées au commerce colonial et à la traite des noirs.

    En 2005, la ville avait inauguré sur la rive droite, devant l'actuel jardin botanique, ce buste du Général Toussaint Louverture en présence des autorités haïtiennes. Un peu curieusement, Le Général, dont un des fils est décédé à Bordeaux, rue Fondaudège, regarde vers le Nord. C'est dommage, en regardant vers l'ouest, vers la place de la Bourse, siège de la Chambre de commerce fondée en 1705, il aurait contemplé le fruit du travail de ses conpatriotes et au loin porté son regard vers Haïti. Ce pays qui aujourd'hui, dans l'épreuve, montre toute la dignité de ses habitants.