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hedi kaddour

  • Savoir vivre

    savoir vivre.jpgCet hiver, Hedi Kaddour a publié deux livres en même temps, les pierres qui montent, journal d'un lecteur, d'un cinéphile, sorte de guide de lecture et d'écriture (cf. chronique du 5 mars 2010 ) et ce roman, Savoir vivre, que l'on lit forcément avec en tête ce que l'on a retenu du journal.

    Hédi Kaddour situe l'action de son roman dans le Londres des années d'après la première guerre mondiale sur fond de montée du fascisme, mais un fascisme british. Kaddour nous promène un petit peu sans que l'on sache très bien ou l'on va. On rencontre successivement, Lena, une cantatrice américaine, Max, un journaliste français, son ancien amant, Thibaut, un jeune joueur de piano, le colonel de réserve Strether, aujourd'hui maitre d'hôtel, Gladys, une veuve de guerre éplorée...

    La promenade est fort agréable car l'écriture est travaillée, ciselée, on de demande comment tout cela va bien pouvoir finir et Hedi Kaddour nous réserve une fin vertigineuse ou tout s'articule enfin. Tout était là, déjà, une très belle construction.

    Un petit mot pour finir pour saluer la mémoire de Denis Guedj, professeur d'histoire des sciences et d'épistémologie à Paris VIII, l'auteur du Théorême du Perroquet (cf. chronique du 1er juillet 2009), ou l'histoire endiablée des mathématiques expliquée aux adolescents... et aux adultes. Il vient de disparaître.

  • Les pierres qui montent

    Il s'agit d'un journalDes_pierres_qui_montent.jpg, écrit en 2008, mais pas au sujet de 2008, on n'y trouvera pas de point de vue sur ce qui fait l'actualité, rien sur la crise dinancière par exemple, seulement, mais c'est bien plus intéressant, une suite de réflexions sur la littérature, le cinéma, des admirations, des coups de gueule, des croquis de la vie quotidienne, des exercices de lecture et d'écriture, une leçon de style. Un régal pour ceux qui aiment lire et écrire.

    Exemple - 30 juillet 2008: "De loin, le remorqueur a sifflé ; son appel a passé le pont, encore une arche, une autre, l'écluse, un autre pont, loin, plus loin... Il appelait vers lui toutes les péniches du fleuve, toutes, et la ville entière, et le ciel et la campagne et nous, tout qu'il emmenait, la Seine aussi, tout qu'on n'en parle plus. "

    C'est la dernière phrase du Voyage au bout de la nuit de Céline. Commentaire de Kaddour : L'appel, le tut, tut du remorqueur, et le texte qui fait "toutes... toutes... tout... tout..." Et face à ce "tout", le souvenir du "rien" de la première page du roman : "Moi, j'avais jamais rien dit. Rien." Tout un roman pour passer d'un indéfini à l'autre.

    Formidable lecteur, formidable écrivain.

    Autre exemple - 27 juin 2008 : "les phrases ne sont pas un simple médium. Elles doivent faire comme les héros du récit, s'aventurer. Cf. Flaubert : " Les phrases sont des aventures"...ou Claudel qui note que la réussite d'un tableau c'est quand on se dit devant lui : il va se passer quelque chose".

    Kaddour donne des cours dans un atelier de journalisme et relève les clichés dans la titraille de faits divers : Une voiture plonge dans un canal, un tracteur mord le bas-côté, un train happe un voyageur...Et que peut faire une moto à un piéton? Elle l'écharpe.

    Et aussi - 28 novembre 2008... Pierre Bergougnoux qui raccompagne à son appartement un ami qui habite entre Saint-Denis et Bonne Nouvelle, note : "Dans l'escalier, des seringues, des gens viennent se piquer à l'abri des regards. Quel monde habitons-nous?" ...Ernst Junger ou Jules Renard auraient coupé après seringues.

    Voilà, une grande découverte, faite aux matins de France Culture, il y a quelques semaines. L'homme a ses certitudes, ses détestations, il prend parti, je vais sans doute essayer Waltenberg (2005), prix du premier roman ou savoir-vivre, sorti parallèlement aux Pierres qui montent.