Rendez-vous
Blois, Blois, deux minutes d'arrêt. On y est, dans quelques instants on va se retrouver. Depuis un an, on s'est donné rendez-vous Place du chateau pour, après une petite promenade en attelage, un déjeuner-buffet dans un cimetière, un cimetière renaissance, le cloître Saint Saturnin.
Il y a ceux que l'on reconnait et puis ceux que l'on ne reconnait pas, ceux dont on se souvient et ceux qui ne nous disent rien, ceux qui ont du ventre, ceux qui n'en ont pas, ceux qui sont à la retraite, ceux qui travaillent encore, ceux qui fument encore, ceux ont arrêté, ceux qui avaient la barbe et l'ont toujours, ceux qui ont maintenant la moustache, ceux qui sont venus avec leurs compagnes et ceux qui sont venus sans, ce n'est pas leur histoire, ceux qui ont des souvenirs précis et ceux qui comme moi en ont peu, ceux qui sont bavards et ceux qui le sont moins, les mêmes qu'autrefois en général.
Bref, on se la joue à la Patrick Bruel : Rendez vous dans dix ans, mais nous c'est quarante! Je retrouve mes camarades de la section BTS technico-commerciale de l'industrie des métaux du Lycée Raspail à Paris, promotion 1970. Merci Bruno pour l'initiative.
Et puis il y a ceux, les plus nombreux, qui ne sont pas là, ceux qui n'ont pas pu venir, ceux qui n'ont pas voulu venir, celui qui est décédé, ceux qu'on n'a pas réussi à localiser.
En quelques heures, on voit défiler des souvenirs, ils reviennent d'ailleurs affleurer notre mémoire, et on voit défiler en accéléré des condensés de vies, de parcours, autant de voies qu'on aurait pu emprunter, affaire de circonstances, affaire de rencontres, affaire d'opportunités saisies ou écartées.
Et on médite cette belle citation extraite de Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier : s'il est vrai que nous ne pouvons vivre qu'une partie de ce qui est en nous - qu'advient il du reste?