Il y a quelques années, en 2003 et 2004, j'ai eu l'occasion à titre professionnel de m'intéresser à la RDC, l'ex Zaïre. J'ai notamment pu me rendre avec des représentants des institutions financières multilatérales à Kinshasa, Gbadolite, Kisangani, Goma, Bukavu, Lubumbashi, Mbuji-Mayi..., pendant deux semaines.

Depuis je me suis promis de ne pas oublier les congolaises et les congolais qui se battent au sens noble du terme pour survivre à la guerre, à la misère, à l'exploitation. La musique et la littérature sont un des moyens de tenir l'engagement.

In Koli Jean Bofane, écrivain congolais qui vit à Bruxelles donne ici un livre alerte, parfois non exempt de facilité mais qui a le mérite de dresser un portrait assez fidèle de ce que je crois avoir compris de la RDC et qui a peu changé malheureusement depuis dix ans sous le regard très intermittent des médias.

Il y a d'abord le héros principal, Isookanga né d'un mère pygmée et d'un père inconnu ce qui fait de lui un demi pygmée, donc un marginal. A 26 ans , il accomplit son rêve: quitter sa forêt natale de la province de l'Equateur pour se rendre à Kinshasa participer à la mondialisation.

il y a Sasha la jactance et son petit frère, réfugiés du Kivu qui survivent avec les enfants des rues et s'adonnent à des petits métiers, y compris la prostitution.

Shang Xia un chinois de Chongqing qui a laissé femme et fils pour faire fortune mais qui est lâché par l'associé qui l'a emmené dans cette aventure.

Kiru Bizimungu, un mututsi, ancien chef de guerre au Kivu soupçonné par l'ONU de crime de guerre et qui à la suite d'un accord de paix se retrouve directeur d'un parc national de protection de la nature.

Aude Martin une jeune belge, chercheuse en ethnologie, un peu naïve.

Waldemar Mirnas, Offcier lituanien de la MONUCC, qui s'est livré à quelques trafics d'armes avec les rebelles et fréquente les petites filles des rues.

Et bien d'autres personnages, le chef de la police, la femme de Bizimungu, le pasteur de l'église de la multiplication qui monte des pyramides financières.

Dans ce contexte Isookanga crée sa petite entreprise de vent d'eau glacée, s'associe avec Shang Xia, négocie avec Bizimungu, a une aventure avec Aude Martin, protège les enfants des rues...

Un bon roman, éclairant sur un pays fascinant, le premier pays francophone d'Afrique.

Instagram jpdpkr et mariedpk

Six cent pages mais si vous les commencez, vous irez jusqu'au bout sans vous lasser!

L'histoire du Congo, celui de Léopold II, et même celui d'avant, celui des belges, celui de Lumumba, celui de Mobutu, celui des Kabila père et fils, celui des congolais surtout.

Car ce livre d'histoire, précis comme une oeuvre scientifique avec ses références, est aussi le récit vivant de centaines de rencontres de l'auteur avec des témoins qui racontent ce qu'ils ont vécu eux-même, leurs parents ou grands parents, de Kinshasa à Bukavu, de Kisangani à Lumumbashi, du fleuve à la forêt vierge, des mines de diamant à celles de cuivreou de coltan, en passant par la musique congolaise (Independance cha cha), le combat du siècle entre Georges Foreman et Cassius Clay.

J'ai retrouvé avec plaisir dans la dernière partie du livre le Congo que j'ai découvert à plusieurs reprises entre 2002 et 2005 à l'occasion de missions professionnelles mais tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'approcher ce pays le découvrirons avec plaisir et parfois effroi.

David van Reybrouck, dont le père a travaillé un temps au Congo a réussi avec cet ouvrage un coup de maitre et offert aux congolais un outil merveilleux qui leur manquait pour appréhender leur histoire. En vgnettte la couverture de l'édition originale en flamand.

La musique d'indépendance cha cha et de nombreuses images du Congo sur le lien ci-après.

http://www.youtube.com/watch?v=vlZGklbks9E

La réunion du G8 s'ouvre officiellement ce mercredi soir à Heiligendamm en Allemagne. Avant de se séparer vendredi en début d'après-midi, les chefs d'Etat vont consacrer vendredi à partir de neuf heures une heure quarante cinq minutes à l'Afrique en présence de représentants d'Egypte, d'Algérie, du Nigeria, du Sénégal, d'Afrique du Sud, d'Ethiopie, du Ghana, du président de la Commission de l'Union africaine et du Secrétaire général de l'ONU.

L'occasion d'évoquer quelques souvenirs d'Afrique et notamment de ce grand pays francophone qu'est la République démocratique du congo, l'ancien Zaïre. Voici quelques extraits de ce que j'écrivais en 2003 à la suite d'une mission d'une dizaine de jours dans ce pays magnifique et oublié des caméras de télévision françaises, ce n'est après tout qu'une ancienne colonie belge...

Gbadolite, ville natale de l’ancien président Mobutu, est une ville fantôme, aujourd’hui dépourvue de tout équipement scolaire ou de santé en mesure de fonctionner. Les habitants continuent de détruire les infrastructures pour se fabriquer des outils. La première demande porte sur le dragage de la rivière Oubangui afin de restaurer la liaison avec Kinshasa.



o Kisangani, « ville martyre » souffre elle aussi d’abord de son enclavement. Elle se félicite de la réouverture récente de la voie fluviale vers Kinshasa (cela a permis de ramener le prix du litre de gasoil de 1,7 USD à 0,85 USD) et aspire à retrouver son rôle de place pour les échanges commerciaux vers la Méditerranée et l’Océan indien.

o A Goma et à Bukavu, la priorité est d’abord à la restauration de la sécurité. Les combats ont fait place à une insécurité dans les zones rurales du fait d’hommes en armes inorganisés qui continuent de piller et de violer. Cette situation empêche toute reprise de l’activité économique. La réforme de l’armée et de la police et la reprise de la paye des militaires apparaissent indispensables aux représentants du secteur privé et aux ONG locales. A Goma, le volcan Niragongo, dont l’éruption de janvier 2002 a rasé 13 % de la ville continue de menacer la population, en raison des risques d’une nouvelle éruption, des émissions de dioxyde de soufre et de la pollution au fluor. A Bukavu, les eaux de ruissellement menacent de provoquer des effondrements de terrains dans les quartiers construits sur les collines, quartiers en forte expansion démographique du fait des déplacements de population. En ville des banderoles indiquent : « celui qui viole une femme viole sa propre mère ». Selon plusieurs ONG, les dénonciations des viols par les femmes se heurtent à des représailles de la police ou de l’armée.


o Comparée aux deux villes précédentes, la situation de Lubumbashi apparaît prospère au premier abord. Elle en fait très contrastée. Les infrastructures qui datent de l’époque coloniale ne permettent pas d’assurer les services publics de base. Il y a eu des épidémies de choléra au cours des trois dernières années. Il y a deux femmes par lit à la maternité du centre hospitalier, lequel ne compte que dix médecins pour 950 lits installés. La ville est confrontée à une fuite des cerveaux vers l’Afrique australe (médecins, chercheurs, enseignants). Les investissements réalisés par le groupe Forrest (société STL) montrent cependant qu’il est possible de créer en RDC des entreprises capables de valoriser le patrimoine minier, de mettre en œuvre des innovations technologiques et de créer des emplois. Les entreprises s’estiment en situation de concurrence déloyale vis à vis de celles de Kinshasa en matière d’appel d’offre et dénoncent le fonctionnement actuel des services fiscaux et douaniers.

o L’exploitation du diamant à Mbujimayi ne s’est pas traduite par la prospérité pour la capitale du Kasai oriental. La société d’Etat Miba, qui exploite le diamant depuis plus de 80 ans, a été mise à contribution à l’excès par les autorités publiques et a vu de ce fait son activité et sa rentabilité diminuer constamment depuis 1961. De son côté, l’exploitation artisanale du diamant va jusqu’à détourner les enfants de l’apprentissage scolaire de base. La ville est dépourvue d’eau et plongée toutes les nuits dans les ténèbres faute d’énergie électrique.