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Philippe Claudel

  • Parfums

    parfums.gifCe n'est pas un roman. J'avais beaucoup aimé Le rapport de Brodeck et Les âmes grises. Ici ce sont des souvenirs d'enfance, pour l'essentiel, déclinés, en deux ou trois pages, par ordre alphabétique, à partir du parfum qui les caractéristise. Parfum au sens large, car il peut s'agir de puanteur.

    Et puis le parfium est ici un pretexte pour évoquer d'autres sensations, visuelles, auditives, des sensations qui font qu'on se souvient, très bien, de ceci ou de cela.

    Autre charme de ce livre, tout se passe ou presque en Lorraine, le pays des tartes aux mirabelles, un pays de taiseux, que j'aime par fidélité à deux de mes grands parents.

    J'ai un peu plus de dix ans de plus que Philippe Claudel et donc les souvenirs d'enfance et d'adolescence ne sont pas tout à fait les mêmes, il y a un peu de décalage, mais c'est tout de même charmant.

    Et puis l'écriture, le style, sont superbes.

    Mon parfum préféré, celui intitulé "Réveil".

  • Le rapport de Brodeck

    e093ba1e2bd1bbb21e3aade4d940948b.jpg Avec ce roman, Philippe Claudel a commis un grand livre, heureusement couronné au début de la semaine par le Goncourt des lycéens...Des lycéens qui donnent en cette semaine de tensions dans les universités une belle image de la jeunesse, loin de celle des apprentis Gardes rouges de Rennes qui feraient mieux de lire Claudel que de bloquer les universités. Ils y apprendraient où peut mener l'intolérance, le refus de l'autre, l'anderer.

    Par la voix de Brodeck, Claudel nous conte une sorte de fable sur la shoah, même si ce mot ou celui de juif, n'est jamais prononcé.

    A la suite d'un meurtre collectif dans son village, d'un étranger, d'une personne différente, l'anderer, Brodeck est chargé par les villageois d'écrire le rapport de ce qui s'est passé avec le but de les dédouaner.

    Le village se situe dans un pays imaginaire, de langue germanique, ce peut être en Pologne, en Alsace, en Tchéquie, peu importe où et peu importe quand, Brodeck va en fait raconter plusieurs histoires qui marquent sa vie. Son arrivée dans ce village, encore enfant, à la suite d'un pogrom, et sa prise en charge par la vieille Fédorine, elle-même mise sur les routes par ces évènements. Une sorte de Nuit de cristal dans la capitale voisine où il est étudiant, son retour au village avec sa bien-aimée, sa déportation dans un camp d'où il ne reviendra qu'après avoir accepté de se deshumaniser, de vivre au sens propre comme un chien, pour voir son nom sur le monument aux morts et sa femme, emmurée vivante dans son souvenir, après avoir été violée par ses voisins. Enfin, le mécanisme de la montée de l'intolérance envers ce visiteur étranger, l'anderer, différent, qui va révèler aux villageois comme dans un miroir leur histoire, leur démission, leurs tas de petits secrets, au point de faire d'eux des meurtriers.

    Une fable universelle, écrite avec beaucoup de talent, sur l'altérité. A lire d'urgence à côté de La stratégie des antilopes de Jean Hatzfeld qui aborde sous un autre angle la question du génocide.