Angoulême dévorée par la BD
Angoulème est tout le monde le sait la capitale de la BD. Rien ne la prédisposait à tenir ce rôle qu'elle a acquis en une trentaine d'années avec au départ une poignée de copains passionnés qui ont lancé l'initiative puis on vite été remplacés par des profesionnels de la communication en cheville avec les principaux éditeurs et les pouvoirs publics. Le pari est réussi et a débouché si ce n'est sur une Silicon valley de la BD sur un ensemble de studios de BD et de vidéos.
Le visiteur de passage, je n'ose dire le touriste en cette saison, est cependant frappé par l'omniprésence de la BD dans la ville. Les numéros et les plaques des noms de rue ont été changées pour être remplacées par des plaques en forme de bulle, informatives au demeurant. On y apprend ainsi que la rue des arceaux, se dénommait autrefois la rue du fanatisme, parce que Ravaillac y vécut un temps.
De même, Angoulême s'est fait une spécialité de murs peints ou de trompe l'oeil qui font référence à des personnages de BD comme celui de Got et Pétillon figurant le baron noir avec comme légende "finalement vous n'en avez pas marre du mouton?"
La ville est allée jusqu'à débaptiser l'artère piétonne qui portait le nom de rue Marengo au profit de la rue Hergé et la rue de Périgueux au profit de la rue Goscinny, deux personnalités qui à ma connaissance n'ont pas entretenu de rapports étroits avec la Charente ou Angoulême. Tant qu'à faire de rebaptiser quelque voies, la Charente regorge de talents : François Mitterand, Félix Gaillard, Jean Monnet, Pierre Marcilhacy...pour s'en tenir aux hommes politiques.
Le pire est sans doute l'aménagement de la place du champ de mars qui servait autrefois de gare routière. La création d'un centre commercial moderne et pas inesthétique est heureuse. Elle est de nature à renforcer l'attractivité commerciale du centre ville. Mais l'aménagement des lieux a laissé place à un vide sidéral, une étendue de béton, un espace morne, dépourvu de vie, dont la seule fonction semble être de permettre d'ériger les bulles du festival de la BD, le dernier Week-end de janvier!
Dommage, vraiment dommage, mais il n'est pas trop tard pour réparer cette bévue. Quand elle le veut la ville sait faire! La nouvelle entrée du musée derrière la cathédrale Saint Pierre est par exemple remarquable, même si on se passerait bien de croiser à l'entrée un personnage de Chaval qui finit par davantage attirer l'attention que la statue de Girard II, l'évêque fondateur de la cathédrale.
Et le secteur privé sait également faire, à preuve la très belle réhabilation des anciennes nouvelles galeries par les Galeries Lafayette.
La ville a un potentiel urbain, architectural important, il suffit de lever les yeux, merci de ne pas tout sacrifier à la BD...Angoulême doit avoir plusieurs cordes à son arc et toutes les valoriser.