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De Nahr el Bared à Aley

Hier soir troisième explosion entendue à Beyrouth en quatre jours. Après Achrafieh (chrétiens) et Verdun (sunnites) c'était le tour d'Aley, agréable ville de villégiature, située à 850 m d'altitude à 17 km de Beyrouth, peuplée majoritairement de Druzes et dévouée à Walid Joumblatt.

On entend d'abord l'explosion, sourde, et son écho qui rebondit sur la montagne, puis les chiens qui aboient, ce qui prouve que les arabes ne détestent pas tous les chiens même si ce mot est plutôt employé pour injurier. Un SMS confirme l'évènement : gros dégats. On allume la télé sur les chaines arabes, d'abord rien que les programmes habituels, puis les premières images, beaucoup de confusion, des manifestants excédés, puis enfin sur CNN les premiers commentaires avec en voix off, Walid Joumblatt, le chef druze qui, comme tous les jours, accuse la Syrie.

Le lendemain, il est difficile de répondre à la question : "Ca va?". J'ai pris l'habitude de répondre "aussi bien que possible".

La question qui trotte dans les têtes est : A qui le tour? les arméniens de Bourj Hammoud, les chiites? A priori, ces bombes sont de simples avertissements. Les analystes estiment qu'elles ne sont pas faites pour tuer. Elles sont placés à Aley par exemple dans un immeuble vide, dans une rue peu fréquentée...

Mais après les avertissements, normalement on passe à l'action!!! Quel sera le facteur déclencheur? Une fois que le tribunal international pour juger les assassins d'Hariri aura été mis en place par les Nations-Unies? Pourquoi ce tribunal soulève t'il autant de passion. Qui dit qu'une fois mis en place, il aura des coupables à juger. L'assassinat de Kennedy a t'il été totalement élucidé?

Pendant ce temps, dans le Nord, la confusion régne. Une trêve tacite semble tenir. 15000 des 30000 habitants du camp de Nahr el Bared se seraient réfugiés dans le camp voisin de Baddaoui. Les militants de Fatah al Islam seraient prêts à tenir dans leur retranchement jusqu'à la dernière goutte de leur sang et sans doute de celle des réfugiés qui sont restés dans ce camp, un des leurs s'est fait exploser à la grenade mardi dans un immeuble de Tripoli, plutôt que d'être arrété par les forces de l'ordre.

Qui s'en inquiète? La population semble soutenir massivemnt l'armée libanaise, une des rares institutions étatiques qui tienne le coup, dont plusieurs soldats ont été lâchement assassinés sans pouvoir combattre dans ce qu'il faut bien appeler un guet apens, dimanche dernier.

L'été dernier, toute la population dénonçait les bombardements d'Israël. Là, l'armée libanaise, sur instruction du gouvernement, semble décider à en finir avec les terroristes et a déjà bombardé à l'aveugle ce camp où vivent sans doute des hommes, des femmes et des enfants qui ne sont certainement pas tous des terroristes ou même des sympathisants de la cause de Fatah al Islam, mais de simples gens nés là par hasard et sans autre horizon que d'être réfugié à vie...Mais pour beaucoup de libanais, les palestiniens, sont tout simplement une nuisance, responsable des guerres sans fin qui affectent leur pays depuis les années 1970. Alors peu importe les dégâts collatéraux.

La situation est surréaliste. Les camps palestiniens dans lesquels vivent 400 000 "réfugiés", soit en gros 10 % de la population résidente au Liban, bénéficient d'un statut d'extra territorialité. Les autorités libanaises, l'armée, la police, n'ont pas le droit d'y penétrer en vertu d'un accord international depuis 1969! L'OLP a même proposé d'"en finir" elle même avec le groupe "Fatah al Islam". L'argument est que si l'armée libanaise pénètre dans un camp, tous les camps risquent de se soulever et d'exercer des représailles contre l'armée, les forces de sécurité interieure, la population. Suicidaire donc!

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Mais que se passe t'il donc dans ces camps pour qu'une organisation comme Fatah al Islam, dénoncée par tous les représentants des palestiniens, qui compte peu de palestiniens parmi ses membres mais des arabes de diverses nationalités puisse ainsi prospérer? Dans son édition de ce matin l'Orient-le-Jour allait jusqu'à évoquer un projet de constitution d'un Etat islamique du Nord Liban!

Pour atteindre l'objectif répété quotidiennement d'un liban libre, souverain et indépendant, il y a du boulot. Bon courage à tous!

Au fait Nahr el Bared, signifie "La rivière du froid", pour le moment, c'est plutôt chaud!

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