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regis debray

  • Fraternité et humanitaire

    Régis Debray était ce jeudi 16 avril l'invité de l'ONG "Action Contre la Faim" (http://www.actioncontrelafaim.org/) à l'occasion de la parution de son livre " Le moment fraternité" paru chez Gallimard. L'occasion d'évoquer les rapports entre Fraternité et Humanitaire.

    Pour Debray, qui se définit comme un douteur et non un docteur, un promeneur et non un spécialiste, la fraternité est indissociable d'un combat. La notion est révolutionnaire, Robespierre est le premier à l'évoquer, la fraternité devient devise de la République à l'occasion de la Révolution de 1848, la fraternité, on la trouve ensuite à la Commune de Paris, dans les tranchées, dans la Résistance. Et de citer la deuxième strophe du Chant des partisans, coécrit par Maurice Druon, plus révolutionnaire que conservateur en l'espèce :

    Montez de la mine,le-moment-fraternite.jpg
    Descendez des collines,
    Camarades!
    Sortez de la paille
    Les fusils, la mitraille,
    Les grenades...
    Ohé! les tueurs,
    A la balle et au couteau,
    Tuez vite!
    Ohé! saboteur,
    Attention à ton fardeau:
    Dynamite!

    De quoi se retrouver aujourd'hui en prison avec une accusation d'incitation au terrorisme sur le dos!

    Dans ces conditions, la fraternité, ce lien délibérément choisi, assis souvent sur un serment, n'est qu'un moment qui disparait, s'éteint, la victoire obtenue ou la défaite consommée...

    La démarche de l'humanitaire a peu de chose à voir avec la fraternité, c'est plutôt une démarche de soldarité, du fort au faible, du Nord au Sud, qui de plus en plus n'est aussi souvent qu'un moment, parfois un alibi, une hypocrisie pour nos sociétés et nos Etats qui tout à la fois pillent et détruisent des sociétés traditionnelles fragiles et s'en vont via les ONG panser les plaies qu'elle leurs infligent par ailleurs. Et pas partout. Les Etats instrumentalisent les Droits de l'Homme au point, en France, d'en avoir fait un Secrétariat d'Etat. Qui par exemple dénonce les atteintes aux droits de l'homme en Arabie Saoudite ou en Chine. Les droits de l'homme sont utilisés à géométrie variable en fonction des intérêts des Etats ce qui leur fait perdre tout leur sens. Et les ONG, subventionnées par ces mêmes Etats, risquent d'y perdre leur âme!

    Et Debray, qui n'est pas croyant, de regretter l'époque des missionnaires, qui faute de moyens de transport et de communication lorsqu'ils partaient en "mission" partaient pour des dizaines d'années, sans retour souvent, immergés dans une société autre, obligés de devenir ethnologues, anthropologues, alors qu'auourd'hui, les volontaires des ONG seraient reliés en continu via Internet à leur siège social, leurs familles, leurs amis, de retour tous les trois mois et resteraient totalement étrangers aux sociétés qu'ils abordent...

    Conclusion du débat, il faudrait doubler chaque volontaire, si possible de la trempe d'un Stephane Hessel, à qui est dédié l'ouvrage de Debray,  d'un Claude Levi Strauss...

  • Un candide en Terre sainte

    999fd71bd47c0304f52e7216749f6a82.jpgRégis Debray est allé sur les pas de Jésus et il en revient avec un livre formidable à mettre entre toutes les mains de ceux qui s'intéressent à cette région, à ce conflit au coeur de bien des conflits.

    Impossible de résumer un tel livre, Régis Debray est connu pour son sens de la formule et ici il s'en donne à coeur joie et il faut dire qu'il y a de quoi! Tout le monde en prend pour son grade. De l'importance de l'indépendance que s'autorise le Candide qui n'a comme religion que l'étude des religions.

    Les religions monothéistes annoncent la fraternité mais en attendant elles déclenchent la carnage. Entre Aphrodite, la chrétienne, Hera, la juive, et Athena la musulmane, Parîs, Régis Debray, refuse de choisir. Et la conclusion de son livre est à méditer: depuis le paléolitique, le civilisé trace, déplace, restaure des frontières, il ne sait pas s'en passer, et ce même si sans frontière est devenu le suffixe que tout un chacun en Europe accole désormais à ses tiitres et ses qualités. Et bien, au Proche-Orient, les frontières se voient, sur le terrain, dans les têtes, c'est ainsi, il faut sans doute apprendre à vivre avec!