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henri teissier

  • Des hommes et des dieux

    affiche-des-hommes-et-des-dieux_jpg_300x365_q95.jpgBeaucoup d'effervescence au cinéma Jean Eustache de Pessac en cette fin d'après-midi de dimanche. On y projetait le beau film de Xavier Beauvois sur les moines de Tibéhérine et surtout, à l'initiative du Secours catholique cette séance était suivie d'une débat avec Mgr Henri Teissier, archevêque d'Alger de 1988 à 2008 (évêque d'Oran à partir de 1972 puis coadjuteur du cardinal Duval à Alger de 1980 à 1988) . Il y a 600 bénévoles du Secours catholique en Gironde, la grande salle du cinéma était pleine d'un public conquis d'avance.

    Le film est fort, on ne voit pas le temps passer. Il décrit bien la vie monastique, les liens tissés entre cette communauté de neuf cisterciens et les villageois, la peur suscitée par les actes terroristes, les interrogations, la tentation du renoncement, la solidarité. Les moines se croient des oiseaux sur une branche mais ce sont les villageois les oiseaux et les moines la branche au dire d'une voisine musulmane. Ces moines vont vivre comme Jésus leur Passion. Le final du Lac des cygnes de Tchaikovsky ajoute à la dramatisation de la situation.

    teissier.jpgLe débat avec Mgr Henri Teissier a été d'une grande tenue. Qu'en retenir? Que les moines de Tibéhérine n'ont pas été les seules victimes chrétiennes de cette guerre civile en Algérie. Religieuses, pères blancs, institutrices, l'évêque d'Oran, les martyrs chrétiens se comptent par dizaines. Et les victimes musulmanes par milliers. Que le danger, l'insécurité étaient partout, pas spécifiquement dans la région où se situe le monastère. Les moines ne sont pas restés sachant qu'ils allaient mourir, c'était une hypothèse, pas une certitude. Que les chrétiens d'Algérie ont reçu des témoignages individuels de musulmans déchirés, humiliés, honteux de l'image de leur pays, de leur religion, donnée par les groupes terroristes et l'armée, les moines appelaient les premiers nos frères de la montagne et les seconds nos frères de la plaine. Que l'Eglise en Algérie est encore vivante, qu'elle a survécu à ces drames. Et puis, que l'intolérance n'est pas musulmane, Mgr Henri Teissier a rappelé que jeune séminariste à la Catho de Paris au 21 rue d'Assas, il voisinait avec l'ossuaire des 120 religieux assassinés au nom de la Liberté par les révolutionnaires en 1792...

    Une belle lecon de tolérance, de fidélité, d'amour, de courage donnée par des chrétiens mais qui pourraient tout aussi bien être le fait de musulmans, de juifs, d'agnostiques ou d'athés, car dans cette affaire c'est le respect de l'autre, le respect de l'homme qui doit tenir de ligne de conduite. Peut-être que croire en Dieu aide car comme le dit le frère Christian à un frère hésitant : ta vie tu l'as déjà donnée.