Sunset Park
Miles, Bing, Helen, Alice, quatre jeunes adultes, la vintaine et quelques années, déjà abimés par leur vie qui d'ores et déjà ne leur a pas fait de cadeaux. Il vivent à Brooklyn, dans le quartier de Sunset Park, en communauté, dans une villa squattée, non par idéal de partage mais par nécessité. La crise des subprimes est passé par là, le boulot initial de Miles est d'ailleurs de débarasser les maisons récupérées par les institutions financières à la suite des hypohèques du mobilier qui y a été laissé. Bing est un touche à tout, batteur, déjà obése et sexuellement frustré mais bon compagnon, Alice achève sa thèse sur un vieux film sans trop y croire et Ellen, artiste-peintre en devenir, du moins essaie t'elle d'y croire, fait l'agent immobilier par défaut.
Et puis il y a les entourages, Pilar, d'origine cubaine, mineure, qui devient la maitresse de Miles mais dont la famille, sans état d'âme, fait chanter Miles, les parents de Miles, une chanteuse et un éditeur renommé, avec lesquels il a rompu depuis sept ans à la suite de la mort de son demi-frère, mort dont il est sans doute responsable.
Bref un univers, d'artistes le plus souvent en souffrance, pas très gai, que Paul Auster nous décrit en chapitres successifs qui nous dressent les portraits croisés de tous les protaganistes vus du point de vue de chacun des personnages. Les allusions au base ball, récurrentes, sont pour un européen sans grand intérêt mais il parait que le base ball est un univers en soi. En revanche, on ressort de cette lecture avec l'envie irrésistible d'aller voir The best years of our lives, le film de William Wyler (1947) sur lequel Alice fait sa thèse.