L'élégance du hérisson
Des centaines de milliers de lecteurs déjà pour ce livre très agréable à lire de Muriel Barbery qui a obtenu le Prix des libraires et qui est déjà traduit en plusieurs langues.
L'action se déroule en un seul lieu, un immeuble sis au 7 rue de Grenelle où habitent plusieurs familles bourgeoises toutes aussi détestables, qu'elles soient réationnaires ou bobos. Le lecteur est invité, et il le fait volontiers, à s'identifier aux trois personnages principaux. Il y a Renée, concierge, veuve, grasouillette, à l'haleine de mamouth, qui sous ses épines de hérisson cache une intellectuelle de premier ordre, éprise de philosophie, de littérature, de musique, de peinture, mais qui joue les idiotes pour ne pas révéler sa vraie personnalité à son entourage et jouir de son jardin secret. Pour vivre heureux vivons cachés. Paloma, douze ans, fille surdouée d'un ménage bobo, père élu socialiste, mère en analyse permanente, soeur abonnée des rallyes, a déjà tout compris du monde qui l'attend et refuse de finir comme ses congènères dans le bocal à poisson. Elle a décidé de se suicider le jour de ses 13 ans. En attendant, elle nous livre un portrait au vitriol de la bourgeoisie et décèle peu à peu le secret de Renée. A mi-parcours, emménage dans l'immeuble le personnage le plus exquis du livre, M. Ozu, veuf japonais, évidemment raffiné, qui va mettre au grand jour tous ces petits secrets, déstabiliser Renée et Paloma, faire fi de toutes les barrières sociales, au service de la culture, de l'art, du beau, créer un petit monde idéal, un monde rêvé, sans petitesses. Evidemment, à la fin du livre, il fallait bien une chute, le hérisson finit comme tous les hérissons, on échappe pas à son destin.
Un livre bien agréable à lire, léger, brillant, qui n'appellera pas le lecteur à se remettre en question. C'est ce que souligne très justement Philippe Lançon dans son excellente critique parue dans Libération : http://www.liberation.fr/culture/livre/265223.FR.php .