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la maison du retour

  • La maison du retour de Jean-Paul Kauffmann

    2305ddb6ab001fea3f10a52163a721e9.jpgQuand on a quelques racines bordelaises et que l'on séjourne pour quelques années au Liban, on ne peut pas ne pas lire ce très beau livre.

    Jean-Paul Kauffmann a été enlevé par le Jihad islamique libanais le 22 mai 1985 et a été libéré le 4 mai 1988. Le corps de Michel Seurat, qui avait été enlevé le même jour,  a lui été remis aux autorités françaises en 2006 par le Hezbollah qui l'aurait découvert par hasard au sud de Beyrouth.

    Vingt ans après sa libération, Jean-Paul Kauffmann nous raconte les premiers mois de son retour qu'il passe dans la maison des Tilleuls dans la Haute Lande, un ancien bordel pour dignitaires SS qu'il décide de restaurer et d'aménager.

    Ce livre est un enchantement. c'est le plus bel hommage que j'ai lu sur les airiaux. Dans le département des Landes, un airial est une clairière au milieu des pins plantée d'essences diverses, une étendue de pelouse, sur laquelle ont été construits au fil du temps la maison d'habitation et les petits bâtiments d'exploitation nécessaires à une société rurale.

    Jean-Paul Kauffmann raconte comment, minimalement relié au monde par la radio, sa femme et ses enfants qui viennent en fin de semaine, un ami architecte, un agent immobilier, une famille de voisins et deux ouvriers immigrés portugais qui retapent la maison, comment il revient au monde et surtout comment il devient l'écrivain que nous connaissons aujourd'hui.

    Et quel bel écrivain. On prend grand plaisir à l'accompagner dans son admiration pour Les Géorgiques, Robinson Crusoé, les Dioscures (Castor et Pollux), François Mauriac évidemment. On plonge avec ravissement dans le dictionnaire pour découvrir le sens d'eaux témérantes, de végétation rudérale. On imagine le chant des oiseaux avec Jacques Duhamel, on redécouvre le Bleu Nattier et on envie le nez de Jean-Paul Kauffmann. Ah, humer toutes les odeurs qui emplissent l'airial, le matin, le soir, déguster les vins, le Palmer 1961, le Petrus 1971, le Mission Haut Brion 1975 qui accompagnent le poulet farci de Sabayon de foie gras. Le vin remarque Jean-Paul Kauffmann est évidemment la seule matière vivante qui devient délectable en vieillissant.

    Sentir le serein, cette fraîcheur qui tombe au soir d'une chaude journée!

    Il y a aussi un épilogue, seize ans plus tard. L'airial est un combat, il faut le protéger contre l'urbanisation et contre lui-même, le sable, les bambous, les chevreuils...

    Et cette réfexion sur le métier de vivre : Le métier de vivre est souvent pénible. On s'y éreinte. c'est souvent répétitif. Mais pour rien au monde, je ne renoncerai au charme douloureux de ma condition d'homme.