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Partage de l'infini

  • Partage de l'infini -Ramy Khalil Zein

    Sous la forme d'un roman, Ramy Khalil Zein, auteur libanais, essaie de comprendre comment on devient kamikaze aujourd'hui, dans les Territoires palestiniens.

    On plonge donc dans le quotiien de la famille d'Abou et Oum Hassan, les parents d'Hassan, de Seyf et Khalida. Hassan est mort sous la torture des soldats de Tsahal. Seyf, plutôt épris de paix, peu pratiquant, va par désespoir, pour faire quelque chose, franchir le pas et se faire exploser auprès d'une patrouille israélienne. Rami Khalil Zein imagine, il n'y a par définition que peu de témoignages, l'angoisse qui saisit le kamikaze au fur et à mesure que la décision de déclencher son arsenal approche.

    Leyla, la promise de Seyf, décidera de rejoindre la résistance et finira elle aussi, pour l'amour de Seyf, par se faire exploser au détriment de la vie de Haïm, réserviste israélien épris de pacifisme. Je déflore un peu l'énigme du roman mais il y a rapidement peu de doute sur le devenir des personnages.

    Alors on compend le désespoir qui saisit cette famille de Naplouse, dont la maison, centenaire, va être détruite en représaille par Tsahal sous la conduite de Ron, le frère de Haïm. Le roman est très bien situé géographiquement, puisque Naplouse est réputée pour avoir suscité plusieurs vocations de kamikases palestiniens.

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    On comrend les humiliations, les frustrations que subissent depuis 40 ans les familles de ces territoires occupés que les deux parties en cause estiment être leur terre sainte. On vit les barrages, les files d'attentes, les fouilles, les suspicions, les rabrouements, l'inactivité, on se prend de compassion pour cette famille endeuillée qui vaque entre cimetière et mosquée...

    On ne voit pas les dissenssions qui prévalent dans les cercles dirigeants, mais aussi chez les militants et in fine la population, entre Hamas et Fatah. On devine l'ambivalance de la société israélienne avec les portraits esquissés des deux frères réservistes, Ron, le colon et Haïm, le pacifiste.

    On voit bien comment des résistants palestiniens peuvent habiller du drapeau le désespoir d'une jeune femme qui se suicide plus par amour que pour la cause, malgré l'inévitable vidéo...

    Un livre questionnant, qui n'apporte pas de réponse, pas un livre militant, et, sur ce sujet, c'est essentiel, à lire donc. Mais j'aimerai bien savoir pourquoi, diable, ce livre est intitulé partage de l'infini.