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Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke

897105140.jpgPour bien débuter l'année, ces lettres magnifiques de Rainer Maria Rilke (1875-1926). A conserver près de soi toute l'année.

Ces lettres ont été écrites entre 1903 et 1908 en réponse à la sollicitation de Franz Xaver Kappus, élève dans une école de Cadets à Sankt Poelten que Rilke n'a jamais rencontré. Kappus publiera ces dix lettres en 1929.

Comme l'écrit dans sa préface, Franz Xaver Kappus : quand un prince va parler on doit faire silence, d'où ces extraits qui illustre le caractère de manuel de la vie créatrice proposé par Rilke.

Un extrait :

Vous demandez si vos vers sont bons. Vous me demandez à moi. Vous l'avez déjà demandé à d'autres. Vous les envoyez aux revues. Vous les comparez à d'autres poèmes et vous vous alarmez quand certaines rédactions écartent vos essais poétiques. Désormais, je vous prie de renoncer à tout cela. Votre regard est tourné vers le dehors; c'est cela que maintenant vous ne devez plus faire. Personne ne peut vous apporter conseil ou aide, personne. Il n'est qu'un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit :"Suis-je vraiment contraint d'écrire?" Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : "je dois" alors construisez votre vie selon cette nécessité...

...

Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir. Etre seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elles font. S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être prêt des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays. Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'évènements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.

Commentaires

  • Un texte magnifique que vous avez raison de nous rappeler.
    Bonne année !

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