Lire en poche
C'était ce WE la dixième édition de ce salon consacré au livre de poche. Une infrastructure dédiée très agréable dans un grand parc à Gradignan autour du théâtre des quatre saisons, de la médiathèque et de quelques chapiteaux. Une liaison gratuite par bus mais avec des fréquences de passage nettement insuffisantes. Le soleil en plus.
Bien sûr on retrouve les écrivains invités alignés en rangs d'oignons sous leurs photos sur les stands de leurs libraires. La chasse à la dédicace. Toutes les grandes librairies de Bordeaux sont là et les petits éditeurs bordelais.
Le plus intéressant, ce sont les conférences.
Nous avons donc suivi Richard Bickefeld et Goran Hachmeister, les auteur de Deux dans Berlin un polar qui se situe à Berlin en 1944, une époque ou nazis et résistants doivent se repositionner pour l'avenir ou comment mener une enquête criminelle dans un contexte marqué par l'absence de droit. Comment écrire un roman à quatre mains? Chacun des auteurs prend en charge un personnage au départ puis au terme d'une interaction permanente il y a un roman, c'est semble t'il assez fréquent dans les pays scandinaves. Plaisir d'une conférence en allemand face à un public de germanistes. Faut il avoir fait un peu d'allemand pour s'intéresser aux auteurs allemands?
Sorj Chalandon et Jean-Paul Kauffman, sur le thème écrivains reporter, les mots du monde. Chalandon vient de publier Le quatrième mur et Kauffman Remonter la Marne. Les deux sont proches et très différents. Chalandon défend l'idée qu'il écrit des romans pour dire avec le je ce qu'il ne peut dire comme journaliste, ses émotions personnelles. Kauffmann au contraire considère que journalisme et littérature ne se distinguent pas, c'est la même chose, de l'écriture. Il n'écrit pas de roman et emploie beaucoup le je, toujours avec beaucoup de recul. Le métier a considérablement changé au début de leur carrière, ils partaient pour deux ou trois mois et avaient le temps d'écrier leurs papiers, aujourd'hui avec Twitter il faut réagir avant de commencer et poster un papier toutes les cinq minutes sur le web ce qui est le meilleur moyen d'empêcher un journaliste d'écrire.
Peter May a publié une trilogie écossaise une trilogie chinoise et vient de publier L'ile du serment. qui s déroule entre Québec et Hébrides au Ecrivain écossais qui vit en ce moment dans le Lot, il est très méthodique. Pour écrire il commence par faire une cherche sur son thème puis écrit un synopsis très détaillé qui représente environ un quart à un tiers de l'ouvrage final puis il semer à écrire tous les matins à partir de six heures à raison de 20000 caractère par jour en sept mois il est capable de terminer un ouvrage et il a toujours un projet en tête.
Yasmina Reza, l'auteur d'Art a publié récemment Heureux les heureux un roman avec 18 personnages. Moment rare. Elle n'aime pas les interviews, jamais à la télévision, parfois à la radio parce qu'il faut bien, de temps en temps un salon, aussi parce que c'est nécessaire pour vendre un peu, ce qui l'intéresse c'est d'écrire, du théâtre, des romans. Elle écrit sans aucun projet en tête, à partir de rien, une fulgurance, d'un seul coup, sur une idée, n'importe où. Elle estime qu'il y a une part d'elle dans tous ses personnages, elle est tous ses personnages. On la sens réellement habitée par métier d'écrivain, mais est ce un métier dans son cas?
Auóur Ava Ólafsdóttir, islandaise est l'auteur de trois romans Rosa candida, l'Exception, et l'Embellie, un français impeccable qu'elle a appris à Paris avec l'histoire de l'art dont elle est diplômée. Beaucoup d'humour, féministe, elle est directrice de Musée à Reykjavik. Elle donne le sentiment de s'amuser à écrire des sortes de contes, un peu caustique, toujours optimistes aussi.
J'ai bien aimé également Cécile Ladjali lorsqu'elle a souligné la complexité de l'identité lorsqu'on est un enfant adopté d'origine iranienne par une famille dont le père est le fils d'un couple franco kabyle, un fils qui a quitté l'Algérie, son pays à l'âge de 14 ans lorsque son père est décédé et que sa mère, la française, a été envoyé à Marseille par sa belle famille et qui est revenu à 20 ans en 1962 pour combattre, les armes à la main, ses cousins. Comment s'en sortir? En écrivant!, lorsqu'on a la chance de pouvoir le faire.
Enfin Maylis de Kerangal, Carole Zalberg et surtout Jeanne Benameur ont su disserter sur le thème Devenir soi, devenir autre? Avec Profanes, Jeanne Benameur semble avoir dressé un hymne à la vie, au mouvement, à l'émancipation.
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