Le regard du Lion
La traversée de la frontière entre la Syrie et le Liban est un bon révélateur de la différence entre les deux pays.
Venant de Damas, on circule sur une route bien entretenue dans une zone montagneuse, on monte vers 1400m environ, quasi désertique, pas de villages, pas de fermes, pas d'animaux, les seules cités urbaines sont réservées aux militaires et de ci de là, on peut s'attarder sur les portraits et les monuments à la gloire de la famille Assad, le père Hafez et ses deux fils, Bachar, l'actuel président et Bassel, mort dans un accident de voiture en 1994 alors qu'il était l'héritier politique présumé.
A l'approche de la frontière, le terre plein central est jalonné tous les 100 m de portraits de Bachar Al Assad sous titrés en arabe "on t'aime", "we love you". Bachar nous regarde avec son "regard de lion".
En arabe, Al Assad signifie Le lion. On raconte qu'Hafez aurait pris ce nom sur le conseil de Nasser qui le lui avait conseillé pour asseoir son autorité. On voit donc aujourd'hui un peu partout en Syrie des portraits des Assad avec la mention le regard du Lion...
A deux à trois km du poste frontalier syrien, on commence à doubler les poids lourds qui font la queue un à trois jours pour effectuer les formalités douanières. Puis c'est le premier arrêt.
Il y a six arrêts au total, trois côté syrien et trois côté libanais : police, douane, véhicule à chaque fois. Les deux postes frontières sont séparés de deux ou trois km environ. On devine que l'on penêtre en territoire libanais lorsque les portraits de Bachar disparaissent.
Côté libanais, c'est la vie, il y a un petit bourg, des commerces et pas simplement comme côté syrien quatre ou cinq boutiques et, c'est le Liban, sur fond de montagne, une grande publicité avec une belle fille qui vante une marque de jeans...