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Augustin ou le maitre est là

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Ce gros livre de 830 pages de Joseph Malègue paru en 1933 est tout simplement un chef d'oeuvre.

Il ne faut pas s'arrêter à la couverture qui reproduit l'Incrédulité de Thomas du Caravage et croire qu'il s'agit simplement d'un ouvrage sur la foi.

Joseph Malègue (1876-1940) a tout simplement écrit un magnifique roman d'amour.

Le roman narre l'itinéraire d'Augustin, natif du Cantal, des années de toute première jeunesse, la décennie 1870 à 1924 date de son décès prématuré.

Augustin est un garçon timide, très intelligent, qui réussit ce qu'il entreprend, ses études de philosophie, l'Ecole normale supérieure, maitre de conférence à Lyon puis à La Sorbonne, spécialisé dans l'exégèse.

Il fait l'admiration de son père, agrégé, professeur dans une petite ville du Cantal, un peu emprunté toutefois, il y a des pages magnifiques sur l'amour filial.

L'amour de Dieu, Augustin est élevé dans un milieu très pieux, si son père fume de temps en temps lors de la prière du soir, la mère d'Augustin ne badine pas avec les chapelets, les rosaires, les pèlerinages, la messe du matin.

Cette foi en Dieu, Augustin va la perdre, il est trop intelligent, sensible au positivisme, aux arguments de Renan, il devient au mieux agnostique, c'est l'occasion de véritables crises existentielles.

L'amitié aussi avec son condisciple de Normale, Largillier, grand scientifique, donc rationnel, mais qui deviendra jésuite et confessera Augustin sur son lit de mort.

L'amour d'enfance pour Elisabeth de Préfailles, richissime bourgeoise, inaccessible, amour transféré à l'âge adulte sur Anne, sa nièce, amour partagé, jamais avoué mais qui illumine toute son existence, le fait rêver et le tourmente à jamais.

Amour pour sa soeur Christine, abandonnée par un mari volage après la guerre de 14, et dont le bébé est rapidement condamné par la maladie, une soeur qui accompagne tous ses proches, père, mère, bébé, frère jusqu'à leur dernier souffle et qui se retrouve prodigieusement seule.

Amour de la nature, des paysages et des paysans. Joseph Malègue a un vrai talent de géographe pour décrire l'Auvergne, le Mont blanc, les vallées de l'Allier, le monde rural, les éleveurs. Il emploie des mots rares, des métaphores étonnantes, beaucoup de couleurs. Amour du Quartier latin, du Luxembourg, de la rue d'Assas, des petites chambres d'étudiant.

Amour de la vie finalement mais pas suffisant pour quelqu'un qui renonce à la vie parce qu'il renonce à l'amour de sa vie. Le maitre est là , il t'appelle.

 

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