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opéra bastille

  • Die tote Stadt ou la ville morte

    Die Tote Stadt est un opéra d'Erich Korngold (1897-1957) donné à l'Opéra Bastille jusqu'au 27 octobre et qui sera diffusé sur France Musique le 24 octobre au soir.

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    Au départ, die tote Stadt est un roman de Georges Rodenbach (1855-1898), écrivain belge appartenant au courant symboliste, publié en 1892. Dans ce roman, il y a une sorte d'identification entre Bruges, la ville morte, une ville de Flandres, belle, apaisée, triste, immuable, relgieuse, ses canaux, ses béguinages, où tout se passe derrière les rideaux, et le héros du roman, un homme qui vient de perdre sa jeune épouse et qui vit dans le souvenir de sa bien aimée, conservant ses cheveux dans un reliquaire jusqu'au jour où il rencontre par hasard dans la rue son sosie, une danseuse d'un théatre voisin, Marietta...bruges la morte.jpg

    C'est ce roman qui va servir de livret à Paul Schott, pseudonyme de Julius Korngold, le père d'Erich, pour un opéra que ce dernier compose à l'age de 23 ans, c'est déjà son troisième, attendu avec tant d'impatience qu'il y aura simultanément deux premières à Cologne et à Hambourg le 4 décembre 1920.

    Dans l'opéra, la ville n'apparait qu'en arrière plan de l'intrigue qui n'est dans le roman que le pretexte pour évoquer Bruges, la réelle héroïne de l'ouvrage de Rodenbach. Paul le héros, plongée dans l'affliction, rencontre Marietta, danseuse ravissante, pleine de vie, désirable, la renvoie, mais pour plonger dans un délire schizophrène qui donne lieu à du théatre dans le théatre. Dans son délire, Paul est séduit par Marietta et finit par devenir son amant, sans renier pour autant le souvenir de Marie, sa chère et tendre femme. Pour lui Marietta et Marie ne font qu'un, mais Marietta va refuser la marginalité dans laquelle Paul la confine et va essayer d'éliminer sa rivale.

    Ce thème du veuf affligé, torturé par le souvenir, du combat entre la fidélité aux morts et le désir de vivre nous apparait un peu naif aujourd'hui mais après la première guerre mondiale le grand nombre de situations de veuvage était tel qu'il rencontra un écho enthousiasme en Europe et aux États-Unis.

    La mise en scène de Willy Decker est superbe et rend très bien le côté onirique de l'opéra avec ses plateaux et ses plafonds mobiles d'une grande sobriété. La musique est excellente : Compte tenu de son jeune âge, Erich Korngold a empriunté à son environnement immédiat, les musicologues y reconnaissent Puccini, Strauss, Mahler... une musique du début du XX siècle fort agréable, très bien exécutée sous la direction de Pinchas Steinberg. Citons enfin Robert Dean Smith et Ricarda Merbeth qui jouent et chantent fort bien des rôles exigeants puisqu'ils sont quasiment toujours en scène ce qui expliquerait que cet opéra soit assez peu joué.

    p_korngoldph.gifEn 1935, Erich Korngold, juif, s'exila aux États-Unis où il devient l'un des plus célèbres compositeurs de musique de film à Hollywood, pour la société Warner Bros, carrière qui lui vaudra deux oscars. En Europe sa musique est bannie. Après la guerre, il revient à la musique classique en Europe, avec notamment son concerto pour violon opus 37 de 1947 mais cette musique sérieure n'intéresse plus guerre en Europe. il décéde, paralysé,à la suite d'une attaque à l'âge de 60 ans. La redécouverte de ses oeuvres ces dernières années n'est que justice.